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Mazarinade n° A_6_42

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Anonyme [1649], LA NOMPAREILLE DV TEMPS, OV LA PROSOPOPEE DE THEMIS, Et la Fortune plaidant le procez de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_2532. Cote locale : A_6_42.


repos public, pour auoir suiuy la personne du Roy à Sainct Germain,
auquel lieu il estoit necessaire. Certes il est aisé de conclurre,
que vous vous estes trompée d’auoir condamné le plus grand
homme d’Estat du temps, lors que de son innocence, vous en
auez faict vn crime.
 
Themis se sied sur son lit de Iustice, & parle ainsi à
la Fortune.
Arriere, arriere d’icy effrontée ; arriere de mes Palais, mauuaise
Aduocate. Quoy ! oses-tu enuisager mon lit de Iustice,
& vouloir alleguer les defenses d’vn crime, que toutes les satisfactions
possibles ne pourroient iamais effacer ? Tu ne sçais que
trop bien que ta cause est trop griefue excuse ; & le suiet trop coupable
pour estre iustifié. Le seul allegué de defence, en prononce la
condamnation ; & qui en entend le plaidoyer, celuy en porte la
sentence ? Sçais tu pas bien, d’autre part, que le pere ne peut plaider
pour son fils, ny le maistre pour son valet. Dont à plus forte
raison, la Fortune ne doit entreprendre la cause de son Fauory.
Toutefois en cecy ; ce n’est pas mon intention de t’en oster le patronnage ;
ains au contraire, ô Fortune, sois Aduocate auiourd’huy,
& ton Client soit Mazarin, puisque c’est de toy qu’il a tout
receu ; c’est à toy de defendre ses interests. Tu dis pour tes raisons,
qu’il sçait bien gouuerner les Finances, ie l’aduoüe ; car il les a si
bien gouuernées, qu’ils sont allées iusques à Rome : Tu dis qu’il
sçait bien faire venir de l’argent dans les coffres du Roy, cela n’est
que trop vray, puis qu’il en a epuisé toute la France : Et puis d’autre
part, tu ne peut nier qu’il ne l’en ait tiré pour enuoyer en Italie :
Tu allegues qu’il a mis des Intendans dans les Prouinces pour
rendre la Iustice, cela est constant, s’il faut appeller intendans
des harpies & des sansuës, qui ont extorqué tout l’argent du pauure
peuple François, auquel il n’est resté que des iustes ressentimens.
Mais c’est trop parler, sans en venir à l’effet, ie n’ay point
d’autres tesmoins, que les miseres & calamités presentes.
I’entreprens donc maintenant de purger la France du venin
dont elle pourroit creuer. Ie veux euacuer cette peste, qui pour infecter
les plus solides santés du Royaume, & ie ne permettray pas
que les autres peuples nous reprochent d’auoir chez nous vn homme,
qui est l’abregé de tous nos crimes, & que celuy qui a esté banny
de toutes les autres Nations, & mesme de l’Italienne, sa mere