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Mazarinade n° A_5_20b

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Anonyme [1649], LA LIBERTE DE FRANCE, ET L’ANEANTISSEMENT DES MINISTRES ESTRANGERS. , françaisRéférence RIM : M0_2299. Cote locale : A_5_20b.


Peuples, & lequel puis apres les fait seruir de proyẽ é son insatiable
auarice.
 
Voila, ma chere Patrie, le vray Pourtrait de la Tyrannie, ie
veux dire de celuy qui t’opprime : mais voicy les cris de tes Peuples,
qui demandent vengeance. Car que penses-tu qu’ils se
puissent imaginer, se voyans ainsi desolez par des gens infames ?
Se voyans, dis-je, eschorcher aux yeux de ceux qui les deuroient
defendre ? Auec quel cœur peuuent-ils entendre parler de leurs
acquisitions, qui se font de leurs ruines ? Comment peuuent-ils
souffrir leurs voleries publiques, sous l’authorité d’vn Roy qui
les ignore ? Et comment se peut-il faire qu’vne racaille de gens
que l’on connoist assez, font bastir auiourd’huy des Palais plus
superbes que ceux des Grands Seigneurs, applanir des montagnes,
& combler des vallées, comme s’ils estoient les Maistres
de la terre. De quel œil croys-tu, pauure France, que ta Noblesse,
voye l’orgueil de leur maisons, la pompe de leur habits,
l’insolence de leur train, la vanité de leur depense, & leur reuenus
qui égalent ceux de nos premiers Roys ? Cependant elle
ieusne, ses chasteaux ruinez, sans auoir dequoy les releuer, ses
terres engagées pour auoir dequoy viure : C’est pourquoy elle
dit à present auec iuste raison ; où estoient donc ces gens-là, en
ces memorables iournées, esquelles i’ay versé tant de sang pour
ta conseruation ? Faut-il que ie sois oubliée apres tant de seruices,
& que ces Financiers iouïssent du repos que i’auois merité ?
O ennemis, que ie me repens bien de vous auoir défaits ? Que
puissiez-vous deuenir plus puissans que iamais vous ne fustes,
vous donnant à combattre des gens si redoutables.
Pourrois-tu bien, trop debonnaire France, demeurer insensible
apres tant de miferes, ayant les moyens de les pouuoir finir ?
Il ne faut pas que tu en cherche d’autres, que l’establissement
d’vne Chambre de Iustice, pour presser ces esponges remplies
de ton sang ? Tu as encore assez des Fabrices & des Catons
dedans tes Parlemens qui la composeront ? Ils ont assez
de pouuoir pour empescher qu’on ne nous traitte plus ny en
chiens, ny en asnes, pour nous apprendre à parler à force de
nous battre, comme l’asnesse de Baalam : Ce qui ne nous est
point aduenu, pour nous estre vantez de porter l’image de quelque