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Mazarinade n° A_5_20b

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Anonyme [1649], LA LIBERTE DE FRANCE, ET L’ANEANTISSEMENT DES MINISTRES ESTRANGERS. , françaisRéférence RIM : M0_2299. Cote locale : A_5_20b.


Si est-ce toutesfois, que cela donna occasion au Roy Charles
VI. de faire vn Edict en l’an 1365. par lequel il defendoit qu’aucuns
Benefices de ses Estats, fussent donnez aux estrangers ; ce
qu’auparauant & du depuis par plusieurs Edicts des Roys, a esté
souuent ordonné, lesquels Edicts meriteroient bien d’estre remis
en vsage.
 
C’est maintenant à nous que ie parle, François, s’il nous reste
quelque desir de recouurer nostre ancienne liberté, & telle que
nos Roys nous ont de tout temps accordée, monstrons nostre
valeur ? Si nous auons encor quelque soin de la terre qui nous
nourrit, faisons-le paroistre en cette conjoncture ? Et s’il nous
demeure quelque idée de ce que nous auons esté, réueillons nos
courages pour défaire nos ennemis communs, lesquels sont
en campagne, tiennent nostre Roy prisonnier, & nous menassent
d’vne totale ruine ? Considerons vn peu le tort que
nous nous faisons, de souffrir que nous soyons estrangers
en nostre Patrie, & par ce moyen reculez de tous les emplois ;
Car cét Italien qui gouuerne nostre France, tient
pour vraye la Maxime de Machiauel, qu’on ne se doit pas
fier aux estrangers, estant tres-veritable : Et c’est pourquoy
il ne veut auancer que gens de sa Nation, ou quelques mauuais
François, qui sont façonnez à sa mode, & qui luy seruent
comme d’esclaues, & d’infames Ministres de ses perfidies,
de ses cruautez, de ses rapines, & de ses autres vices ; mais
pour les bons François il les laisse en arriere, parce qu’ils luy
sont estrangers, & par consequent suspects, suiuant sa methode
ordinaire. Où est donc maintenant la generosité des anciens
François, qui se faisoient tant craindre parmy les estrangers ?
Où est la vertu de nos ancestres, qui a fait trembler le Leuant,
porté la terreur iusques dedans l’Asie, & chassé les Goths, &
les Sarrazins de la France, de l’Espagne, & de l’Italie ? Il semble
qu’auiourd’huy nous ne tenious rien de la valeur de nos Peres,
en souffrant qu’vn estranger nous commande, & nous rauale
si bas, que de nous traitter en esclaues, & nous mettre sur
le dos des fardeaux iusupportables. Vrayement c’est bien loin
de nous faire obeïr és païs estrangers, lors qu’vn seul Italien,
nous contraint de luy obeïr en nostre propre terre ? C’est bien