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Mazarinade n° A_5_20b

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Anonyme [1649], LA LIBERTE DE FRANCE, ET L’ANEANTISSEMENT DES MINISTRES ESTRANGERS. , françaisRéférence RIM : M0_2299. Cote locale : A_5_20b.


auoient le vent : Bref, toute la compagnie fust de ce sentiment,
& furent esleus cent septante-sept Senateurs des Romains, lesquels
auparauant auoient fait cognoistre leur vertu, sans par trop
s’arrester à la noblesse du sang.
 
Il n’y a pas de quoy s’estonner, si les Romains en ont ainsi vsé ;
car mesmes auiourd’huy, il n’y a si petite Republique où cela ne
soit obserué. Regarde Venise, Gennes, & quelques autres villes
de l’Italie, qui sont en Republique ? Voys Strasbourg, Nuremberg,
Ausbourg, Franc-fort, Madebourg, & toutes les villes
Imperiales de l’Alemagne, qui se gouuernent en Republiques,
& les treize Cantons des Suisses ; tu trouuerras que partout l’on
garde cette Maxime, de n’admettre les estrangers aux Offices &
aux Charges publiques ? Ie veux encor adjouster icy vn exemple
tiré de nostre Histoire, du temps de la Regence de la Reyne
Brune-haut, laquelle estoit estrangere : Elle donna la charge de
Maire du Palais à vn Lombard, appellé Proclaide, qu’elle aymoit
grandement. Cét estranger se voyant esleué si haut, il deuint si
superbe, qu’il méprisoit les Princes, & leur faisoit souffrir beaucoup
d’indignitez ; estant aussi deuenu fort auare, comme c’est le
naturel des Lombards, il mangeoit tous tes peuples : En vn mot,
il fist tant par sa mauuaise conduite, qu’il fust hay de tous ; & la
paix qu’il voulust empescher entre Theodoric Roy d’Orleans, &
Theodoret Roy de Mets, acheua de le perdre : Car les Barons
des deux Couronnes s’estans assemblez pour cét effet, ils le firent
mourir comme l’ennemy des deux Roys, le perturbateur
du repos publique, & autheur de toutes les miseres.
Le Sieur de Commines dit, qu’il n’y a rien qui soit plus odieux
au peuple, que quand il void les grandes Charges, les Benefices,
& les Dignitez, possedées par les estrangers. Et quant aux Charges,
on n’à gueres veu qu’on les leur ait données, sinon depuis
quelque temps, qu’ils ont trouué les moyens d’auoir les plus
grandes, & de plus grand profit ; car anciennement on ne leur
donnoit que celles de Capitaines, afin que sous ces noms-là ils
amenassent plus aisément des hommes de leur pays au seruice
du Roy : Mais pour les Benefices, il y a long-temps que les Italiens
ont tenu les meilleurs de ton Royaume, qu’ils se faisoient
conferer par le Pape, auquel tes Roys n’osoient pas contredire.