[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_14_17

Image de la page

Anonyme [1652], AVX FRANÇOIS FRATRICIDES, PAR VN ECCLESIASTIQVE. , françaisRéférence RIM : M0_436. Cote locale : B_14_17.


tesmoignée, dans les dernieres periodes de ses malheurs,
où il sembloit qu’elle deuoit perir sans ressource.
Car comme les œuures de Dieu ne se font point au
moule : I’oubly dans lequel vous viuez de ses anciens
bienfaits, & le surcroist de vos nouueaux crimes peuuent
bien porter Dieu à abandonner & laisser couler à
fonds cette barque cherie, qu’il auoit iusques icy si heureusement
gouuernée.
 
Vous voyez, ie n’en doute pas, le bord du precipice,
sur lequel vostre patrie a posé son dernier pas ; que faites-vous
pour l’en retirer ? mais que ne faites-vous pas
pour luy donner le branle, & rendre plus glissant le pas
de sa ruine ? La France, dites-vous, se ruine, se perd &
se consume : & le lendemain vous ne manquez pas de
faire ce qu’on voit qui la ruine, la perd & la consume.
Vous dites pourtant que c’est pour le seruice du Roy :
le vray empire des Grands, & le plus asseuré c’est l’empire
sur les cœurs, sans le quel tout le reste est bien foible :
& n’est-ce pas les luy aliener, que de les persecuter
par vos hostilités, inhumanités, & profanations des
choses saintes ? Ils seront tousiours criminels & miserables,
s’ils s’éloignent de son seruice : mais les miseres
presentes & les plus proches bannissent souuent l’apprehension
des futures, & des plus éloignées : & ou
font des criminels volontaires, ou forment des consciences
à sa poste, pour le soulagement de ceux qui en
sont pressés.
Voulez-vous tout à bon porter vtilement les armes
pour le seruice du Roy, viuez comme des Guerriers
Chrestiens, n’vsans pas de vos glaiues, comme des outils
de vos passions, ou comme font les tygres de leurs
griffes : Car comme le Iuge ne doit point vser de la
loy par caprice, ou pour assouuir ses passions ; aussi ne
deuez vous pas le faire de vos armes. Imitez ceux qui
restablissoient la ville de Ierusalem, desquels il est dit :
Vna manu faciebat opus, & altera tenebat gladium. Cette
partie de l’armée qui estoit destinée à l’ouurage, tenoit