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Mazarinade n° C_5_13

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLÉE AVX PIEDS DV ROY : OV LE GOVVERNEMENT TYRANNIQVE de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : C_5_13.


son cœur, & se mettre dans son estime, qu’elle s’est démise
de toute sa Regence entre les mains de ce rusé & traistre Ministre,
que ie puis à present nommer auec iuste raison, le flambeau funeste,
qui m’embraze les entrailles : & la Furie infernale, qui seme la discorde
& la diuision parmy mes enfans qui sont vos suiets ; C’est cet
insolent & ingrat Mazarin, indigne de l’eminente dignité, dont le
feu Roy l’a reuestu, qui m’ayant toute l’obligation de sa prodigieuse
fortune & de sa grandeur, s’en sert à present comme vn desnaturé
vipere, à me percer le flanc, & à me deschirer le cœur, & à y verser
le plus mortel poison que sa rage puisse conceuoir, pour m’arracher
cette mourante vie qui me reste, apres auoir desia causé vne extreme
foiblesse à tous mes membres, en tirant le sang & la substance de
mes os, pour en gorger son insatiable auarice.
 
Ouy, e’est ce perfide & ce malheureux Ministre Estranger, qui
ayant dépoüillé l’humanité, a rendu par ses conseils iniques, vostre
bonne Mere, en quelque façon coupable du crime de la guerre, encore
qu’elle ne l’ait pas allumée, en abusant, comme il a fait, de sa
trop grande facilité, & l’obligeant à rompre deux ou trois fois, les
doux accords & les amiables traittez d’vne paix generale, que nos
Plenipotentiaires auoient accordée à Munster, à la gloire de vostre
Couronne, & à celle de tous les François.
Est-il possible, bon Dieu, que pour nous affliger, & nous chastier
de nos iniquitez, vous ayez voulu éblouïr les yeux de cette sage Reine,
& luy ayez empesché de connoistre la malice cachée & les desseins
frauduleux de cette Harpie, qui n’a fomenté le trouble & la
discorde, que pour auoir vn pretexte appatent, d’exiger & d’amasser
tous mes tresors, par le moyen de mille mal-heureux Partisans
qui ont esté ses fauoris & ses supposts, pour les transporter en Italie,
& puis se mocquer à son aise de nostre stupidité. Et sa noire & auide
cruauté est allée iusques à vn tel point contre vostre Monarchie,
qu’on peut dire qu’il auoit fait dessein de la perdre & de la damner,
puis qu’il en a enleué tous les Iustes, & qu’il y a suscité dix mille execrables
parricides, pour la destruire de fonds en comble, & nous
oster le dernier Louys ; faisant assez connoistre par ce moyen, qu’il
a tousiours beaucoup plus aimé vostre figure, que vostre personne,
& que son horrible auarice (que tous les tresors des Indes ne pourroient
rassasier,) luy a fait preferer son interest à la gloire de vostre
Estat, & au soulagement de vos miserables Suiets, que ses rapines si
souuent redoublées ont mis aux derniers abois.