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Mazarinade n° A_3_56

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Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLEE AVX PIEDS DV ROY. Où le Gouuernement Tyrannique de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : A_3_56.


pour vous esloigner de vos plus fideles subjets, & pour obliger
vostre Majesté à estre tesmoin oculaire de sa barbarie, & de la
felonnie qu’il exerce enuers moy, à qui il a de si grandes obligations.
Et quoy que ce malheureux sçache que la douceur & la clemence
sont les plus grandes qualitez des Roys, il vous apprend
tout le contraire, il fait armer vostre authorité contre vous-mesme,
& vous rend spectateur de la desnaturée & ingrate guerre qu’il fait
à vostre plus Auguste Parlement, & à vostre plus belle & plus excellente
Ville, à celle qui est le plus agreable & le plus noble sejour
de vostre Majesté, à celle qui est comme le grand ressort de tout
le Royaume, & la ruine de laquelle entraisne tout le reste apres soy.
Ouy, Sire, il a allumé le flambeau de la guerre au milieu de vostre
Palais & de vostre heritage, & cepẽdant il a la hardiesse & l’effronterie
de paroistre deuant vostre Majesté ; il saccage la campagne,
il destruit les Villes, il perd toutes vos conquestes, il vole vos tresors,
il met vos champs en friche, il desole toute la nature, & renuerse
vostre Couronne & vostre Sceptre, & foulant aux pieds le
respect qu’il vous doit, son insolence luy fait gourmander vos Princes,
& mettre au desespoir tous vos peuples.
 
Vous estes assez grand, Sire, & auez assez d’esprit pour comprendre
& connoistre la justice de mes plaintes & de ma desolation ;
mettez-y donc la main de bonne heure, & reïterez plusieurs
fois vos prieres à vostre bonne & sage Mere, & conjurez-la d’oster la
cause pour faire cesser l’effect : & representez-luy la larme à l’œil,
qu’il ne faut pas pour vn seul homme me perdre toute entiere ; &
qu’au contraire, il faut ietter ce meschant dans le feu, qu’il a allumé
auec tant d’ingratitude contre moy. Que si Dieu permet que
l’innocence & la justice des prieres que vous ferez à la Reyne la
puissent fleschir, & qu’elle vous rameine dans vostre bonne Ville
de Paris, apres auoir esteint cette torche funeste & menaçante, qui
est sur le poinct de me consumer : Nous vous erigerons des Autels
dans nostre cœur, nous vous honnorerons & vous seruirons comme
nostre Roy, nous vous aymerons comme nostre Pere, & vous
esleuerons des statuës comme à nostre Liberateur. Et moy & mes
enfans, qui sont vos sujets, vous comblerons de vœux & de benedictions,
& prierons Dieu sans cesse de rendre vostre Regne ferme
& durable, & vostre espée victorieuse de tous les peuples de la
Terre.
Prædone perempto quiescam.