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Mazarinade n° D_1_32

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Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.



Quoy que leur jalousie n’ait iamais sçeu trouuer de bornes ;
quoy qu’alterez tousiours de son sang & de sa ruine ; elle
les a receus comme domestiques de la Foy, comme des personnes
considerées dans vn lien d’amour, qui tient generalement
les hommes enchainez les vns aux autres ; sur lequel on
ne peut pas mesme refuser de traitter auec des perfides ; de faire
du bien à ceux qui nous maudissent ; de voir cherement
ceux qui s’éloignent le plus de nous de cœur & d’intention :
principe qui n’a pas esté seulement verifié dans la sainteté de
nos dernieres mœurs, mais qui encore a fait partie de la Religion
des Payens, lors qu’ils asseurent que le bien-faire n’est
pas moins vne marque d’excellence que de bonté.
Arist. Arth.
Ce n’est pas neantmoins qu’il faille tousiours farder nos
maladies, ny nous faire vn visage meilleur que nous n’auons
pas. Il reste à l’Estat peu de parties saines, peu qui ne soient
defigurées & tachées de quelque corruption : Et ie vous auoüe,
Monsieur, qu’on diroit à le voir paruenu à ce haut comble
de ses souhaits, que ç’a esté par vn plus grand secret de la
colere du Ciel, & que tant de merueilleux succez, que nous
auons veus, n’ont esté multipliez que pour vne plus forte
preuue de sa reprobation.
Toutefois quand il seroit en cela necessaire de reconnoître
quelque pouuoir inuisible, & de souscrire auec reuerence
au temps determiné d’vne volonté supréme ; Quel sujet y
peut-il auoir iamais de vanité pour vous, de l’offenser toûjours
impunément, de vous ioüer de la sorte auec insolence
de son nom & de sa puissance ; Iusques-là que vous faites trophée
de ses miseres publiques, parce qu’elles doiuent n’aistre
de vostre mécontentement particulier ; & que vous ne croyez
point de fortune eleuée que celle qui se bastist des larmes
des affligez ?
S’il est vray que Dieu soit resolu de faire des victoires de la
France, ses plus grandes pertes, & d’augmenter sa pauurete
par son guain, vous ne pouuez guere, selõ ce que ie pense, contribuer
a l’accomplissement d’vn si grand ouurage, & les mesmes
mains qui trauailleront à la conduite d’vn iugement si
profond, ou elles agiront seules, ou elles se joindront à d’autres
plus fideles & plus sçauantes que les vostres. Vous n’auez