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Mazarinade n° D_1_32

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Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.


qu’il recherchent non pas d’vn amour licite, mais d’vn amour
adultere, à dessein seulement de s’en seruir, ne l’ayant accablé
d’offres & de promesses que pour luy oster plus facilement
l’honneur, la disposition de soy-mesme, & finalement
la vie qu’il perdit d’vne façon aussi peu connuë aux Sages,
qu’inéuitable aux plus heureux.
 
Le Connestable
de
Bourbon.
Vostre traitement ne sera pas meilleur. Leurs caresses vous
tueront ou elles vous corrompront. C’est vn corps (dit ce
mesme autheur que ie sorts d’alleguer, & duquel ie n’ay pû
m’empescher d’emprunter plusieurs belles reflexions sur cette
matiere) qui sallit & gaste tout ce qu’il touche : les endroits
qu’il ne ronge pas de ses morsures, il les infecte de son haleine.
Il ne faut pas estimer ses presens moins funestes que
ses menaces, & son amitié n’en a pas moins opprimez que sa
haine.
Il fait maintenant semblant de vous laisser quelque vaine
image de commandement sur ses Troupes, parce qu’il sçait
bien que vous n’en deuez iamais attendre vne vraye obeïssance,
& que pour en obtenir quelque chose, il faudra toûjours
que vous leur en promettiez vne autre ; que vous les
gouuerniez auec des artifices honteux, en quelque bonne
opinion que vous les ayez mises de vôtre suffisance pendant
vôtre Generalat en Allemagne ; que vous soyez le flatteur &
le corrupteur de vostre Armée ; que tous les iours vous inuentiez
des nouuelles pour entretenir leurs esperances ; que vous
composiez des Propheties de l’Etat populaire de Bordeaux
pour amuser les credules ; qu’en vn mot dans l’apprehension
de vostre prochaine ruïne & parmy les horreurs du desespoir,
vous ayez toutes les mines & toutes les apparences d’vn homme
content.
Quand vous seriez mesmes si heureux que de vous concilier
le respect & la veneration qui doit tomber dans vne puissance
legitime, ces Troupes qui se verront ainsi conduites
par vne crainte seruile, ne vous feront iamais maistre de leurs
affections. Il n’est pas possible que des gens qui prennent tant
de part à la grandeur du leur, qui ne se plaignent que rarement
de leurs miseres, conçoiuent iamais vn fauorable sentiment
d’vn homme qui s’oppose auec cette fureur à la gloire
du sien. Ils verront que vous auez couru iusques au bout du
monde pour chercher des ennemis à vostre patrie ; que vous