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Mazarinade n° D_1_32

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Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.


son droict, sont les tonnerres & les éclairs de la montagne,
pendant que ce Moyse est dans des familiers entretiens auec
luy. La prudence humaine luy a donné des gardes, qui deuiennent
tous les iours des témoins de sa vertu, qui de compagnons
de sa captiuité sont maintenant les admiraturs de
sa constance, & publient à haute voix que ce ieune Ioseph éclaire
de tous costez sa demeure : que c’est vn or qui laisse sa
crasse dans la coupele ; que si iamais il y estoit entré violateur
de la pureté des sentimens de son Roy, il n’en sortiroit qu’vn
illustre defenseur de son authorité.
 
Chrysost.
Cela estant, Monsieur, il semble neantmoins que vous ayez
vn dessein tout formé de vous opposer à vne si grande prosperité,
qu’vne courte peine doit amener bien-tost au bien de
l’Etat. Vous destournez Dieu de son œuure, qui en ce rencontre
(comme en tous ceux où il faut qu’il témoigne vn soin
particulier des affaires de ce Royaume) veut faire naistre des
plus foibles principes de la Nature, les plus beaux accroissemens
de sa gloire, & rendre éclatante vne Prouidence qui a
perpetuellement combatu l’imprudence des hommes ; qui a
fait des Fauoris de ceux dont elle sembloit vouloir faire des
Victimes ; qui a fait treuuer la manne dans les deserts, & l’eau
viue sur les terres sabloneuses ; qui commande quand elle
veut aux lyons de cultiuer la terre aussi aisément, qu’elle la
fait desoler quand il luy plaist par des mouscherons.
Vous auiez bien mieux vne occasion auantageuses de vous
resioüir auec Monsieur le Prince d’vne subite mutation ; de
voir qu’il auoit sçeu si bien faire le sejour de son repos du lieu
qu’on auoit destiné pour son supplice, & fixer cette humeur
impetueuse contre l’esperance & l’opinion d’vn chacun. Les
impatiens se piquent sans remede, & se tourmentent sans consolation :
mais il est bien vray ce que dit l’Apostre, Que les
hommes de Dieu ne sont iamais plus forts ny plus retranchez,
que lors qu’ils semblent plus delaissez : d’autant que la grace
qui selon le Grec est la force de Dieu, & comme dit S. Augustin,
Cette seconde ame qui influë & verse sans cesse dans
l’interieur, les rehausse au dessus d’eux-mesmes, & leur tient
le cœur éleué, aussi ferme dans la defaillance de leurs forces,
que leur esprit est tranquille parmy les chaisnes de leur prison.
Il est donc bien aisé à voir qu’il n’est rien qui l’offense
comme vostre amitié, comme la protection que vous luy offrez,