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Mazarinade n° D_1_32

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Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.


sans vser de quelque extraordinaire seuerité, qui n’est
pas dans l’intelligence des Loix communes ; comme lors
qu’ils font le procés à des songes, qu’ils punissent les soupçons,
qu’ils interrogent l’imagination, qu’ils prennent des
affirmations sur vn visage qui change, qui pâlit, & qui se défait
à tout moment.
 
Ne vaut-t’il pas mieux empescher les innocens de faillir,
qu’estre reduit à cette triste necessité de condamner les coupables :
Si on se fut tousiours seruy d’vn moyen si aisé de détourner
des Etats les mal-heurs qui les menaçoient, la liberté
d’vn particulier n’eust pas souuent esté la ruïne de tout
vn Royaume : « Si on se fut saisi à propos des autheurs de nos
desordres (outre que par là on les eut sauuez les premiers)
on eut espargné vn nombre infiny d’autres vies : Si les mauuais
vents eussent esté enfermez, la mer n’eust point esté agitée :
Si les Roys auoient assez de prudence, ils n’auroient que
faire de Iustice. »
Monsieur de
Balzac dans
son Prince.
« Ie parle de cette ponctuelle & scrupuleuse Iustice, qui
ne veut point remedier aux crimes qui se forment ; parce que
ce ne sont pas des crimes formez : qui veut attendre que des
rebelles ayant ruïné l’Etat, afin d’agir contr’eux legitimement :
qui veut que pour obseruer les termes d’vne loy on
laisse perir toutes les loix. Ce souuerain droict est vne souueraine
injustice ; & ce seroit pecher contre la raison, de ne pécher
en cecy contre les formes. »
« Les vertus au reste se doiuent vn secours mutuel : Il faut
que la Prudence soulage la Iustice de beaucoup de choses ;
qu’elle courre où celle-cy qui va trop lentement n’arriueroit
iamais ; qu’elle empesche les maux dont la punition seroit ou
impossible, ou dangereuse. La Iustice s’exerce seulement sur
les actions des hommes, mais la Prudence a droict sur les pensées
& sur le secret. Elle s’estend bien auant dans l’auenir : elle
regarde l’interest general : elle pouruoit au bien de la posterité.
Et pour cet effet elle est contrainte icy & ailleurs, d’employer
des moyens que les loix n’ordonnent pas, mais que la
necessité iustifie, & qui ne seroient pas entierement bons s’ils
n’estoient rapportez à vne bonne fin. En quelque autre endroict
il dit ; Que l’vtilité publique se fait souuent du dommage
des particuliers : qu’il faut racheter la vie par l’abstinence