[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_1_32

Image de la page

Anonyme [1650], AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON TRAITÉ AVEC les Ennemis de l’Etat. , françaisRéférence RIM : M0_478. Cote locale : D_1_32.


pour sa liberté, & qu’il aymeroit mieux n’en auoir point du
tout, que d’en auoir au prix de celle de toute la France, & de
tout le sang qui se pourroit verser dans vne guerre ciuile. Il
ne faut point douter qu’il ne fut rauy qu’on luy procurast par
des remedes plus doux, vn bien qu’il sousmettra de toute son
ame au repos d’vn maistre, dont il a fait sans y songer les inquietudes,
esperant par vne longue & volontaire habitude de
sa patience, de donner lieu à la preuue d’vne chose contestée,
d’éclaircir mieux la verité de ses intentions.
 
Il jouyra du moins à iamais de cette tranquille pensée
(que comme il ne peut estre coupable que de trop de reputation
& du mal seulement qu’il a pû faire) il n’y a que sa propre
gloire qui le puisse tourmenter, que ses vertus qui soient ses
crimes, & que ces mesmes actions qui le couronnent au dedans
qui le puissent accuser au dehors ; & peut estre que malgré
l’enuie on verra vieillir dans ses auantages vn merite qui
a fait tant d’honneur à la Regence, & qui a esté si vtile à
l’Etat. Pour le moins sommes nous asseurez que cette furieuse
jalousie qui s’excite pour peu de chose à Constantinople
& en Espagne (& quelquefois pour vn seul regard du
Soleil) ne s’attachera pas à vne teste si precieuse : elle n’ira
pas prendre dans la boutique des Sophismes & des piperies,
dequoy instruire adroitement vne méchante action : & colorer
le juste soupçon qu’ont laissé à la posterité d’vne mort
violente les Ibrahims & les Ieans d’Austriche, estouffez tous
deux sous les subtiles traditions des Docteurs de leurs païs,
sous pretexte que le peuple qui passoit desja iusques dans la
veneration pour eux, les auoit trop souuent exaltez pour
les Pacificateurs de la mer & de la terre, & que l’vn & l’autre
auoient des qualitez trop dignes de commander pour les
employer tousiours à l’obeïssance.
Nous viuons en France sous d’autres Loix, où nous tenons
que toute tromperie est vne tacite confession de foiblesse,
& n’estimons pas qu’il soit de la bienseance de l’atribuer
aux grands ouurages. Que la prudence se separe ailleurs
tant qu’elle voudra de la probité, & que l’esprit s’épuise
en des injustices bien hardies & bien deliées ? c’est vne
trop dangereuse fecondité : Et pour nous qui sçauons que
la plus seure guide des affaires n’est pas vne imagination turbulente