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Mazarinade n° B_12_19

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Anonyme [1652], LA DECLARATION DV CARDINAL MAZARIN ENVOYES A SON ALTESSE ROYALLE, A NOS SEIGNEVR LES PRINCES, & à Messieurs du Parlement, par vn Courier Extraordinaire, , françaisRéférence RIM : M0_895. Cote locale : B_12_19.


& depuis que ie gouuerne l’Estat, que
le Royaume n’ẽ auoit veu depuis plus de cent ans.
 
Pour auoir moyen de voler impunément les Finances,
ie fis rehausser les Tailles & les Aydes, &
les fis leuer par des compagnies de Fuzeliers, que
l’on peut dire autant de demons. Helas ! que i’ay
tiré d’emolumens des os & des moüelles du peuple
qui gemis il y a si long temps seus le joug de
ma cruelle seruitude. I’ay ruiné, & renuersé toute
la Iustice, empeschant qu’on ne la rendist à mes
associez les Partisans. I’ay, pour tout dire, pillé
tout l’argent de la France, recuisant sa Majesté à
vne extréme indigence, & en suitte tous les Sujets
à vne mandicité deplorable, & pire que la mort.
I’ay fait mourir de faim & de necessité toutes les
Armées, qui n’ont touché depuis cinq ans qu’vne
ou deux monstres par an ; & i’aduouë que c’est ce
qui a fait perir plus de six vingts mille soldats, qui
sont morts plus par la misere que par le fer des ennemis.
Ie ne puis pas dénier d’auoir fait transporter
à Venise, & en autres lieux d’Italie, plusieurs
millions, soit par lettres de change, soit en especes
ou en pierreries, sous pretexte de leuer vne armée
nauale, pour aller conquerir Piombino & Portolongone.
De quelles damnables maximes ne me
suis ie point seruy pour dissiper nos Armées quãd
elles ont esté victorieuses, & sur le point de faire
de notables progrez ? Ne le peut on pas remarquer
deux fois en Catalogne, au siege de Lerida,
à la surprise de Courtray, & aux affaires de Naples