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Mazarinade n° B_17_13

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Faure,? [?] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1652], LA VERITE TOVTE NVË, OV ADVIS SINCERE & des-interessé, sur les veritables causes des maux de l’Estat, & les moyens d’y apporter le remede. , françaisRéférence RIM : M0_4007. Cote locale : B_17_13.


de ses predecesseurs ; dont il ne faut pas s’estoner, puis que cette malheureuse
Paulette qui expose au plus offrant & dernier encherisseur le pouuoir de iuger
souuerainement de nos biens, de nostre honneur & de nos vies, fait entrer
dans ces charges qui deuroient estre la recompense du sçauoir & de la vertu,
ou des personnes la puls part de tres-petite naissance & de nul merite, ou de
ieunes gens qui surpassent les Courtisans en beaux habits, en belles liurées, &
en toutes sortes de dissolutions ; qui font gloire de Paroistre auec plus de galans
& de point de Gennes, & plus poudrez & plus frisez que des femmes, au
cours, au bal, à la comedie, dans les palais des Altesses, & dans ces Academies
où les cartes & les dez sont les Liures qu’ils estudient pour apprendre à bien
rẽdre la iustice, & les impietez & les blasphemes, les dicts & les paroles notables
de ces Sages, non pas de l’ancienne Grece, mais de la nouuelle France.
 
I’espere que ceux qui liront cecy pardonneront bien cette petite digression
à la douleur qui me presse, de voir ainsi à la honte de nostre siecle toutes les
loix renuersees par ceux qui deuoient les maintenir : de voir que de ieunes
escoliers si ignorans que nul particulier ne les voudroit prendre pour des arbitres
d’vne affaire de vingt escus, deuiennent au sortir du college, auec vne
peau de parchemin qui leur en couste quarante mille, les arbitres de la fortune
de tout le monde ; & que leur presomption va iusqu’à se croire plus capables
de decider les affaires les plus importantes de l’Estat, que n’auroient
fait les Silleris, les Villeroys, & les Ieannins, apres auoir passé toute leur vie
à s’instruire de la veritable politique dans les negotiations, les ambassades,
& les plus importans emplois, que les plus grandes affaires des plus grands
Estats puissent fournir aux plus grands Ministres.
Mais pour reprendre la suite de mon discours. Comme lors que le Cardinal
estoit hors de France, M. le Prince auoir toûjours negotié auec luy ; aussi
n’a-t’il point discontinué depuis son retour : ce que nul de ceux qui sont tant
soit peu informez de ce qui se passe ne peut ignorer. Mais parce qu’autant que
M. le Prince est attaché à ses interests : autant M. le Duc d’Orleans proteste
de n’en auoir point : & qu’ainsi S. A. R. ne desire pas moins que le Cardinal
se retire, que M. le Prince l’apprehende à cause qu’il perdroit par là le pretexte
qu’il luy importe si fort de conseruer, pour en profiter dans toutes les
rencontres pui s’offriront à son ambition démesurée : il n’a pas esté au pouuoir
de M. le Prince d’executer son traitté quelque passion qu’il en eust. Mais
lors que le Duc de Lorraine est venu à la priere de M. le Duc d’Orleans, pour
sauuer ce qu’ils auoient de troupes dans Estampes, dont la perte estoit sans
cela inéuitable, il s’est bien gardé de luy rendre Clermont & Stenay, parce
qu’il l’auroit obligé par là de s’attacher aux interests de M. le Duc d’Orleans
& aux siens : ce qui auroit contraint le Cardinal de s’en aller, & luy auroit
fait perdre non seulement ces deux Places, mais les aduantages incomparablement
plus considerables qu’il veut retirer, en consentant que le Cardinal
demeure, ou que s’il s’éloigne ce ne soit que pour peu de temps, & seument
pour la forme.
Ainsi le Duc de Lorraine voyant qu’il auoit rendu à M. le Duc d’Orleans,
per la leuee du siege d’Estampes, dont il a esté en effet la seule cause, l’assistance
qu’il auoit desiree de luy, & qu’il falloit ou donner bataille au Mareschal
de Turenne qui estoit tout prest de l’attaquer, ou executer le Traitté
qu’il auoit fait auec le Roy de ne se mesler plus des affaires des Princes, &