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Mazarinade n° D_2_13

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.


Saincts areopages taschẽt par leurs peines & par leurs veilles à nous
donner le repos, & les plaisirs d’vne douce vie. ils suent pour le bien
du public, ils s’exposent courageusement á l’inimitié des meschãs,
& ont quelquefois à combattre contre les plus puissans, ils se sont
conseruez iusqu’à maintenant auec vne reputation entiere, les
Roys les plus victorieux & les plus puissans les ont honorées & y
ont eux mesmes conduits les Princes leurs voisins, pour leur faire
voir ce racourcy de la grãdeur & de la dignitè de leur Estat : & les
fauoris les veulent abbaisser iusqu’à venir receuoir leurs commãdemẽs,
& prendre leurs Arrests par escript dans leurs Garderobe.
 
Ie prendray la liberté de vous dire, que c’est vn bon-heur à V. A.
de n’estre Iusticiable que d’vne si celebre assemblée, & que c’est ce
qui asseure vostre condition, toutesfois vous estes en armes pour
exterminer son authoritè, & pour changer cette Monarchię en vn
Estat Despotique. L’on dit plus, l’on dit que l’on demãde les testes
des plus gens de bien, & que l’on à desir disposè de leurs biens de
la Ville & de la Campagne. Voila le suject de la Guerre, dont nous
ne pouuons parler plus veritablemẽt qu’auec Ciceron, discourant
de celle de Marc Antoine, & dire comme luy. Cette guerre icy n’est
poinct vne discorde Ciuile, elle n’est allamée que par l’esperance de quelques
meschans qui ont adnotté nos biens, & qui desia les partagent entr’eux chacun
selon sa volonté. Apres vous auoir exorté à rentrer dans vous mesmes,
& dans l’interest de la Patrie : si vous persistez à la molester, ie
tourneray ma voix vers le Parlement, & ie l’exciteray d’appuyer
son authorité de toutes les forces de la France.
Ie me seruiray des paroles du mesme Ciceron, duquel il à executé
le conseil, il s’est preparè à poursuiure l’autheur de nos maux,
dés le iour de la fuitte. Le peuple s’est declaré pour lùy, & l’on doit
esperer que ce mal naissant, prendra bien-tost fin par la diligẽce de
ses Magistrats. L’on ná perdu temps, les leuées sont faites, & nous
auons d’excellẽs Chefs. La Renommée n’attẽd que de les voir partir
pour publier auec la Iustice de nostre cause, la punition & la vẽgeance
de l’orgueil de ce meschant gladiateur estranger. Il connoistra
que ce n’est point à Paris quil fait la guerre & quil à affaire
à tout le Royaume : il sçaura que c’est de la puissance & de la force
d’vn peuple, dont il ne croyoit triompher que par la diuision quil
attendoit. La ville de Paris sera loüée Eternellement d’vne si genereuse
action quelle eust volontiers cedèe à vostre Altesse : elle