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Mazarinade n° C_3_22

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Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ. , français, latinRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : C_3_22.


le fruit de toutes les obligations dont la France vous est
redeuable ; si vous vous seruez contr’elle mesme de la reputation
que vous auez acquis pour elle.
 
Si vostre Altesse daignoit ietter les yeux sur l’estat miserable
où elle se voit reduite par l’oppression de la guerre intestine
que luy ont fait depuis la Regence tant de corbeaux épars dans
les Prouinces, creatures & emissaires de Mazarin, qui l’ont deuorée
iusques aux intestins : il est sans doute que vous auriez horreur
de son miserable cadaure si rongé en toutes ses parties. Songez
que c’est le patrimoine de vos ayeux, & qu’il pourra estre celuy
de vostre posterité, & considerez que la Reyne, Monseigneur
le Duc d’Orleans & vous, jouez l’heritage de vos enfans contre vn
infame filou, qui vous jouë luy mesme, & qui hazarde pour la
plus abominable teste du monde, vos personnes, vos biens & vostre
honneur.
Il a tousiours vescu & joué aux despens d’autruy, comme
celuy qui n’estoit né que pour la perte du public. La fortune
accoucha de ce monstre adulterin pendant son diuorce auec la
vertu, & elle ne l’a promené vagabondant par tant d’estats, que
pour donner vn vain esclat à sa puissance. Ie connois son pays,
& la Sicile mesme qui ne l’aduoüe que pour nostre honte, m’a
fait sçauoir son origine chez vn cabaretier de ses parens en la
ville de Palerme, à mon retour de Malthe. I’y sceus la banqueroute
de son pere qui estoit chapelier & boutonnier de son mestier,
& comme il se retira à Rome où le P. Iulio Mazarini Iesuite
son frere le mit en condition. Il y vola beaucoup pour amasser
vn peu de bien : il y maria quelques filles, & mit son fils aupres
du Connestable Colone. De-là il passa au seruice du Cardinal
Antonio Barberin, & n’y eut pas le rang que l’on eut donné
à celuy que l’on creu deuoir vn jour pretendre de s’allier auec
cette maison. Il s’y signala par ses débauches, & fut l’intendant
des plaisirs des honnestes de la Cour Romaine.
Ce fut luy qui donna conseil au Cardinal Antonio de se défaire
d’vn neveu du Pape d’auiourd’huy qu’il auoit esloigné de
ses bonnes graces. Il fut mal-traitté à coups de bastons, & craignant
iustement le dernier effet de la haine Italiene, il ne pût
pas mesmes éuiter la mort dans l’armée de l’Empereur, où il fut
assassiné par le ministere de Mazarin : qui suiuant la bonne coustume
de son pays ne pouuoit souffrir viuant aucun de tous ses ennemis,