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Mazarinade n° C_7_2

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Anonyme [1649], LA DECADANCE DES MAVVAIS MINISTRES D’ESTAT, ET LES FRVICTS QV’ILS ONT RECEVS POVR LEVRS SALAIRES. Dediée aux Amateurs de la Paix. , françaisRéférence RIM : M0_865. Cote locale : C_7_2.


mourir tous les ennemis de son Estat, en remettant le chastiment
entre les mains de son fils son successeur. Ainsi Charles VIII. fit
punir la déprauation des mauuais seruiteurs du Roy son pere.
 
Mais aujourd’huy les humeurs de l’Estat l’ont fait dégenerer en
de plus dangereuse maladie : Nous n’auions point en ce temps-là
fait encore de diuorce auecque cette fille immortelle qui a trouué
son berceau dans la hauteur des nuées ; la Iustice ne s’estoit point
encore retirée du commerce & de la conuersation des hommes ; les
Loix estoient encore en vigueur ; il estoit permis aux gens de bien
de dire leurs sentimens ; les Princes estoient maintenus dans leurs
authoritez, les Nobles dans leurs rangs ; les peuples dans leurs priuileges ;
en ce temps les Estrangers venoient chercher en France
des Souuerains & des Monarques, & ne trouuoient de la liberté
qu’en la suiettion qu’ils rendoient à cette Couronne : Mais depuis
que nous auons admis les Estrangers pour nous commander, & que
loin de nous seruir nous leur auons donné la hardiesse de marcher
à costé de nos Princes, ou se fortifiant de la minorité de nos Roys,
ils se sont insolemment emparez de la suprême authorité. Quels
déreiglemens dans l’Estat, & quelles mortelles flaistrissures a receu
cét Empire tousiours florissant : N’est ce pas en cét aage de fer que
l’on a commencé de voir naistre tant de gens armez pour leur propre
ruïne, que les Princes soient demy Dieux mortels, se sont veus
bannis de la Cour, le Ciel de leur demeure, pour y laisser regner le
Marquis d’Ancre, autre monstre sorty de Toscane : Soissons a seruy
d’azile à ces Herôs, tandis que ce lasche Tercite s’efforçoit d’exciter
vne guerre intestine dans le Royaume, pour s’enrichir de son
débris ; ce Conchino dont l’ambition ne peust estre bornée par le
Baston de Mareschal de France, ne portoit-il pas l’Estat dans sa
prochaine ruyne, si le Ciel nostre Protecteur n’eust arresté ce torrent
dans sa course, & n’eust fait tomber cét Idole qui se faisoit tous
les iours sacrifier tant d’innocẽtes victimes. Mais que dis-ie, cét hydre
pululle en ce dernier tẽps, & le sang empesté sorty de ce corps
sacrilege fait naistre vn successeur de son ambition, vn ennemy iuré
du repos public, vn Sicilien qui leue icy le bras pour y faire sonner
d’autres Vespres Siciliennes, vn serpent dont la rage animée
pour la perte des François, ne pouuãt plus alentir le feu de son impatience,
a pris vne saincte nuict pour faire vn larcin sacré de nostre
ieune Monarque : Mais quoy ce torrent impetueux va bien-tost trouuer
vne digue à son ambition dans les abysmes de sa perte ; il roule