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Mazarinade n° C_4_3

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Laffemas, abbé Laurent de [?] [1649], L’ENFER BVRLESQVE, OV LE SIXIESME DE L’ENEIDE TRAVESTIE, ET DEDIÉE A MADAMOISELLE DE CHEVREVSE. Le tout accommodé à l’Histoire du Temps. , françaisRéférence RIM : M0_1216. Cote locale : C_4_3.



On souffre qu’à table il se mette,
Qu’il s’attache sa seruiette :
Iusqu’à son Benedicité
Ou a tousiours patienté :
Mais quand sa bouche est preparée,
Qu’il souffle sur la cuillerée,
Vne Furie à ses costez,
En a tous ses habits gastez :
Il en veut prendre vne seconde,
Quand cette Megere qui gronde,
Tenant vn fallot allumé,
Sans attendre qu’il ait humé,
Luy desserre sur le visage ;
Elle le bat, elle l’outrage.
Se peut-il rien plus mal-heureux ?
Et ce Parasite fameux,
Qu’vn grãd Seigneur fit par des Suisses
Rouer de coups iambes & cuisses,
Comme il pensoit prendre vn repas.
(Helas ! il ne s’en doutoit pas)
Pust-il estre plus miserable,
Qu’est aux Enfers ce pauure diable ?
 
 
On y void des freres damnez,
L’vn encor sur l’autre acharnez,
De qui les haines mutuelles,
Apres la mort sont eternelles.
Les parricides des parents :
Et ceux qui fraudent leurs clients ?
On peut expliquer ce reproche,
Pour les affaires qu’on accroche,
Tous les détours des Procureurs,
Vulgairement dits des voleurs,
Et qu’on nomme dans la souttane,
Les Godenors de la chicane.
 
 
Croyez qu’ils y sont ces richars,
Qui n’en ont esté moins eschars,
Et sans songer que Dieu soit iuste,
Ont tousiours fait leur Dieu d’vn Iuste :
Ie ne dis pas ceux que i’y vis,
Crainte d’offencer mes amis,
Mais vray dans le siecle où nous sommes,
L’Enfer est paué de ces hõmes,
Sur tous on y tourmente ceux,
Qui ne sont riches que pour eux,
Et seruis à plus d’vn potage,
Laissent gueuser leur parentage.
Comme ils y seront si pis n’est,
Ceux qui prestent pour interest,
Les Monopoleurs, ces sangsues,
Qui ne me sont que trop connues,
Que Messieurs du Parlement,
Y vont dépescher vistement,
Ces coquins venus en guenille,
A qui i’ay donné la mandille :
C’est-là qu’on tient des tabourets,
Chez Proserpine en tout tẽps prests,
Pour leurs nobles guenõs de femmes.
 
 
I’y vis traitter mal ces infames,
Qui faisoient guetter leurs vallets,
Si Monsieur estoit au Palais,
Et par vn adultere flamme,
Communiquoient auec Madame,
Tant que Monsieur à la maison,
Reuenoit sot comme vn oyson.
 
 
On y void des Parlementaires,
Et ceux qui broüillent les affaires,
Si par fois & quand il le faut,
Vn Roy veut leuer vn impost.
Entre eux sont quantité de traistres,
Qui sous-main ont duppé leurs maistres,
Les approchant les ont toquez
Les ayant toquez, debusquez,
Ne demandez pas quel supplice,
Se deliure à chaque iniustice :
Quelques-vns roullent vn gros [1 mot ill.],
Et font tousiours Boula[1 lettre ill.]e apres :
Les autres que l’on pilorie,
D’autres assis toute leur vie,
Dont le plus renommé d’entre eux,
C’est Theseus le mal heureux,
Qui se tient sur vne bancelle,
Et picque à iamais l’escabelle,
Criant qu’on l’apris par erreur,
Pour quelque clerc de Procureur.
 
 
I’entendis en mesme seance,
Phlegias geuller d’importance,
Il se tournoit de tous costez,
Disant, Messieurs, or escoutez,
Les Dieux veulent que l’on les prie,
Ils n’entendent point raillerie,
Et moy dans ce sainct mouuement,
Le pris pour l’Abbé le Nor.