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Mazarinade n° A_5_30

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Brousse, Jacques [?] [1649], LETTRE D’VN RELIGIEVX, ENVOYÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ, à S. Germain en Laye. Contenant la verité de la vie & mœurs du Cardinal Mazarin: Auec exhortation audit Seigneur Prince d’abandonner son party. , françaisRéférence RIM : M0_1895. Cote locale : A_5_30.


peuple à la presse pour contribuer à la subsistance des armées, & le sang
des pauures estoit employé à faire rire le Cardinal Mazarin, à la satisfaction
de ses conuoitises, & à prouoquer l’ire de Dieu contre nous : faisant
connoitre à tout le monde qu’il n’a point d’autre Religion que celle de Machiauel ;
que portant la pourpre de l’Eglise Romaine, ce n’est que pour mõtrer
les sanglantes saignées qu’il luy a fait soufrir en Allemagne : Et que
sous l’ombre de ses enseignes il est le plus cruel ennemy qu’elle se puisse figurer.
En effect, quelle vengeance a-il fait tirer des Sacrileges commis contre
le corps de Iesus Christ dans le plus Auguste de nos mysteres ? Au contraire
n’a-il pas tiré les Autheurs des mains de la Iustice pour en empescher
la punition ? N’a-il pas toleré, voire approuué la violence & la fracture
des lieux consacrez pour la retraitte des Vierges, & cela au milieu de
Paris ? Quiconque lira à l’aduenir le Traitté fait en faueur des Suedois &
des Protestans d’Allemague sous l’appuy de la France au preiudice de l’Eglise,
ne se pourra iamais persuader qu’il soit d’autre conseil & d’autre
elprit, que de celuy d’vn Turc ou d’vn Sarrazin desguisé sous le manteau
d’vn Cardinal. Aussi quelles personnes voit-on aupres de luy pour ses plus
confidens & fidelles Conseillers que des impies, des libertins & des Athées ?
Qui ne les connoist, dy-ie, pour des gens de sac & de corde, pour des monstres
d’hommes, plus nourris au sang que les Canibales, & dont les conseils,
apres estre gorgez de vin, ne tendent qu’aux meurtres & aux assassins.
Et neantmoins pour feindre d’estre fort Religieux il nous a fait venir d’Italie
les Theatins, qui ces iours derniers attiroient tout le monde par la
curiosité de leurs marionnettes, cependant qu’il minuttoit le carnage &
le sac de Paris, faisoit transporter toutes les nuits vne partie des voleries de
l’Estat qui estoient dans sa maison, & s’estudioit de conduire à chef, comme
il a fait attentat le plus hardy & insolent qui se soit iamais veu dans toutes
nos Histoires. Que s’il falloit parler de son orgueil, il n’en faut point demander
d’autres nouuelles qu’à vous mesmes. N’a-il pas eu la temerité de
vous vouloir preceder ? Et dans cette presomption arrogante quelle peine
ne vous a-il point dõnée ? & quelles parties ne vous a-il point dressées sousla
tyrannie du Cardinal de Richelieu ? Qui l’a porté à retenir dans vne captiuité
rigoureuse Monseigneur le Duc de Beaufort, l’vn des Mars de nostre
Siecle, & le Coriphée des vaillans, si vous n’estiez pas ; sinon l’ambition d’auoir
des gardes comme son predecesseur ? trouuant par ce moyen l’artifice
de se faire loger dans le Palais du Roy, afin d’auoir les mesmes gardes que
son Souuerain, pour ne rien dire du lieu & de la disposition de son appartement.
 
De quel crime estoit coupable le Mareschal de la Motte, sinon d’estro
trop genereux & trop incorruptible, pour souffrir, outre sa prison, les fourbes,
les malices & les faussetez des tesmoins qu’on luy a suscitez, afin de luy
rauir l’honneur auec la vie ? N’est-ce pas le Cardinal, pour donner couuerture
à ses voleries propres, en l’accusãt de peculat, & d’auoir derobé à la
Milice ce que luy mesme auoit volé à l’Estat, & enuoyé en Italie & ailleurs ?