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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


frappe point & n’esbloüit que pour vn moment. Car enfin il suffira pour
conuaincre ces mensonges, de dire que pendant le quartier d’hyuer, le
Regiment de Bourgogne a esté enfermé à Abbeuille : celuy d’Anguien à
Rheims, à la discretion des Bourgeois, & hors de la disposition de Monsieur
mon frere : que le reste de ses Trouppes a esté dispersé en des Prouinces
éloignées, que peu sont venuës en Bourgogne, & que ses gardes
mesmes qui n’auroient pas deu quitter sa personne, s’il auoit eu quelque
dessein, ont hyuerné en Limosin.
 
Il n’y a donc nulle reflexion à faire sur vne circonstance qui est purement
imaginaire, ny aucun lieu d’interpreter mal le soing que ce Prince a
pris de tenir ses Places en bon estat. I’ay bien souuent oüy dire qu’on auoit
puny des Gouuerneurs pour auoir laissé leurs Places dépourueuës : pour
auoir aposté quelque negligence à remedier à leurs manquemens : pour
n’en auoir pas reparé les ruïnes : mais qu’on en ayt accusé pour s’estre employé
soigneusement à les mettre en deffence. Nul, à moins d’estre aussi
peu sensé que nos ennemis, bien loin de le faire croire aux autres, ne se
l’est persuadé soy mesme. C’est certes vn bel exemple que le Cardinal Mazarin
propose aux Gouuerneurs des Places, puis qu’il veut faire vn crime
du soing qu’on en prend. Et nous ne deuons auoir aucune confiance aux
deffences de nos Frontieres, si c’est vne vertu de les laisser de perir. Ce n’est
pas que Monsieur le Prince n’ayt des moyens particuliers de se deffendre
de cette accusation. Car desia il n’est pas vray qu’il ayt fortifié Clermont :
& l’on ne sçauroit dire qu’il ayt eu dessein de s’en assurer, y laissant la garnison
qu’il y a trouuée : y continuant dans les charges des Officiers qui
n’estoient pas à luy : ne les traittant pas mesme si bien que faisoit Monsieur
de la Ferté-Senneterre, sous qui ils viuoient auec plus de licence, & à qui
aussi ils l’ont remise dés la premiere semonce. Que s’il a fait quelques reparations
à Bellegarde, ç’a esté par permission du Roy, ç’a esté à sa Maison,
autant pour l’embellissement que pour la force, ç’a esté de son argent
& en vne place frontiere. Quant à Stenay qui est si proche de Montmedy,
& sur laquelle les Gouuerneurs de cette place ont entrepris tant de fois.
Il estoit absolument necessaire qu’il l’a fortifiast, il auroit mesme eu besoin
de beaucoup d’années pour la perfectionner. A quoy l’on peut ajouster,
que si Monsieur de Lorraine vouloit iamais reprendre par force, ce que
Monsieur son frere & Madame sa femme redemandent deuant vous,
Monsieur mon frere a interest de la mettre en bon estat ; afin de conseruer
mieux par la mesme voye vne chose dont la Iustice ne l’a pas deboutté.
Ainsi il ne peut induire de la fortification de ses Places, necessaire pour
leur scituation, ny de la dispersion de ses Trouppes si peu propres à rien
executer, si faciles à dissiper & opprimer ainsi separées, que Monsieur le
Prince en ayt voulu appuyer ses demandes. Et de plus, puis que c’est vne
verité que ce Prince ne demandoit rien, il ne sçauroit non plus dire qu’il