[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_6_48

Image de la page

Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


bien-ayse que sur ce sujet vous remarquiez la diligence exacte & soigneuse
que Monsieur le Prince de Conty auoit voulu apporter à bien policer
ce quartier, & ces logemens, & de quelle sorte elle a tousiours esté
éludée, & renduë sans fruit par les peines que ses ennemis y ont prises.
Pour en bien juger il est necessaire que vous sçachiez que presque toutes
les Villes & les Bourgs de Champagne & de Brie se trouuent protegez
par des Princes, des Cardinaux, des Ducs ; des Mareschaux de France,
des premiers personnages de la Robbe, & par des personnes de grande
condition, que ces personnes tiennent à vne extresme offence que l’on loge
des gens de guerre dans les lieux qu’ils conseruent. Tellement qu’exceptant
Troyes, Rheims & Chaalons, il ne restoit dans ces deux Prouinces
que dix ou douze endroits où l’on pust establir commodément le quartier
d’hyuer. Encore six ou sept de ces lieux estoient ruïnez & les restes foibles.
Les Tresoriers Generaux du Bureau de Chaalons sçauent bien ces choses :
Monsieur du Plessis de Besançon que Monsieur le Prince de Conty auoit
enuoyé pour regler le quartier d’hyuer, en ayant esté exactement informé
en peut confirmer la verité : Et Monsieur d’Emery mesme auec qui ce
Prince en auoit voulu conferer, sçait bien l’estat que firent ces personnes
de condition, quant on parla de mettre des gens de guerre dans les lieux
qu’ils protegeoient ; & comme l’on fut obligé par leurs prieres & par
leurs plaintes à se retrancher à ces dix ou douze endroits, dont j’ay parlé,
ainsi donc il falloit que ces gens de guerre se logeassent à la campagne.
Or quoy que Monsieur le Prince de Conty eust fait diminuer le nombre
des trouppes que les années precedentes auoient accoustumé d’hyuerner
en ce païs de dix-huit Cornettes de Cauallerie, & de soixante Compagnies
d’Infanterie, & qu’il se fust opiniastré a obtenir auec vne extresme
difficulté cette descharge qui apportoit grand bien à la Prouince ; Neantmoins
comme le rafraischissement que l’Armée entiere y auoit eu apres la
guerre de Paris, & le debordement des Trouppes d’Erlack qui auoient
Mondé la moitié de la Champagne, auoient ruïné le plat païs : Les Bourgs
& les Villages se trouuans trop foibles pour porter seuls les frais du quartier
d’hyuer. Il falloit pour tenir les Trouppes en vne garnison fixe donner
des aydes des lieux circonuoisins à ceux où les garnisons estoient établies.
De cette sorte les contributions & les despences estans reglées &
dispercées deuenoient mediocres : les Trouppes sans courir d’vn lieu à
l’autre pouuoient viure doucement, & les peuples par vne ayde mutuelle
se trouuoient fort soulagez. Vn semblable établissement auoit esté autrefois
pratiqué par Monsieur de Choisy dans les Preuostez de Champagne,
lors qu’il en estoit Intendant ; & iamais quartier d’hyuer ne s’estoit si paisiblement
passé que le sien. De plus, Monsieur le Prince de Conty, qui apres
auoit pris vn soing general de tout le Gouuernement, auoit voulu particulierement
soulager les Eslections de Langres & de Chaumont, comme