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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


falloit punir ; ne demanda que la permission de faire des exemples, assura
de pousser ceux qui resisteroient, & de tenir le païs en son deuoir. Le Cardinal
Mazarin ayant déferé à cét Auis, sans examiner s’il estoit possible
qu’il succedast, & si aisément on persecuteroit des personnes d’honneur &
de courage qui se trouuoient dans l’innocence, & qui auoient plus de force
& plus d’appuy que le Gouuerneur, fit ce que le Cardinal de Richelieu
n’eust osé tenter dans le plus fort de cette authorité absoluë qui sousmettoit
tout. Et au lieu que pour interdire le Parlement de Normandie presque
aux portes de Paris, ce sage Ministre auoit autrefois enuoyé Monsieur
le Chancelier, auec vne partie du Conseil, & le Mareschal de Gassion auec
vne armée. Cettuy-cy habile à son ordinaire, mesprisé de tout le Royaume,
qui auoit fait naistre contre son Ministeriat de la fierté dans tous les
esprits, enuoya vn Huissier de la Chaisne, regardez quel grand personnage
pour acheuer vn si grand dessein : Et le chargeant seulement de parchemin
& de paroles, l’adressa à Monsieur d’Espernon. Aussi-tost qu’il fut arriué,
Monsieur d’Espernon se rendit à Bourdeaux auec ses Gardes, & quelque
Noblesse de celle qui ne pouuoit en bien-seance s’éloigner d’aupres de
luy. A son abord on vid la Ville triste, le peuple émeu, tout le monde dans
la défiance & dans la crainte de ses menasses, & des canons qu’il auoit fait
traisner auecques luy. En cét estat Bourdeaux ressembloit plustost à vn lieu
prest à estre pris par les ennemis, qu’à vne Ville celebre qui attendoit les
volontez de son Prince. Mais apres que Monsieur d’Espernon eût esté au
Parlement, & que là auec la douleur vniuerselle d’vn si illustre Senat, il
en eût interdit vne partie ; qu’on vit mesmes que des Gentils-hommes qui
le venoient joindre sur la Garonne pour appuyer ce qu’il voudroit executer,
estoient prests de debarquer ; Alors le peuple se sousleua, on tua quelques-vns
de ces Gentils-hommes, on repoussa le reste, & Monsieur d’Espernon
luy mesme fut obligé de sortir hors de Bourdeaux. Dans la chaleur
de cette premiere émotion, cette Ville opulent & grande apprehendant
la vengeance, se prepara à la guerre, & la Guyenne & les autres Prouinces
du ressort de son Parlement songerẽt à la secourir. Ces nouuelles épouuenterent
la Cour qui en fut surprise : & lors le Cardinal Mazarin voulant reparer
sa faute, fit en sorte que la Reyne obligea Monsieur le Prince à trauailler
à cét accommodement. On luy donna des memoires des choses
qu’on souhaittoit de ceux de Bourdeaux ; il se chargea de l’affaire, il s’aboucha
auec les Deputez, qui ne vouloient en façon du monde negotier auec
le Cardinal Mazarin. Enfin il agit si bien, qu’il les fit venir à des offres plus
auantageuses que ce que la Cour demandoit. C’estoit dés le mois d’Aoust
de l’année derniere ; & deslors en conseruant l’honneur & l’authorité du
Roy, la paix pouuoit estre concluë seurement & glorieusement. On pouuoit
dés ce temps-là, aller au deuant de tant de malheurs qu’on a fait souffrir
à cette Prouince. Monsieur mon frere content d’auoir si-tost, & si vtilement