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Mazarinade n° C_1_19

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.


de leurs maris, elles exposeroient la leur propre, & prendroient les
armes pour vous aller mettre en pieces, fussiez-vous entre les bras
de sa Majesté.
 
Le Card. Brise là ie te prie, & n’en dis pas d’auantage. Ie voy
bien qu’il n’y a plus d’espoir, & qu’il faut aualer le calice du dernier
remede. N’importe vn peu de honte est bien-tost passée, il vaut
mieux faire le poltrõ, que le temeraire, & le lasche que le desesperé.
Gaz. Et quel est ce dernier remede, aurois-je assez d’efronterie
pour le demander a V. E ?
Le Card. Il saut faire la paix à quelque prix que ce soit : Mander
au Parlement qu’il depute des Plenipotencieres, leur accorder
tout ce qu’ils voudront, & au de-là, pourveu qu’on ne
parle point de moy, & que ie demeure. I’aduouë qu’il y a vn
peu de lascheté à ceder de la sorte, apres vne si grande leuée de
boucliers, mais il n’y a du remede, c’est plus à la honte de Monsieur
le Prince qu’à la mienne, il vaut mieux fleschir que perir, & en cette
occasion, puis que le Tellier s’est si fort trompé en son calcul, &
que noùs auons si mal pris nos mesures, il est bon de reculer vn peu,
afin de mieux sauter.
Gaz. Et qu’est-ce que V. E. pourra faire apres auoir fait la paix,
& que la Declaration en aura esté registrée au Parlement, & aux autres
Cours Souuerains, & enuoyée dans toutes les Prouinces ?
Le Card. Ce qu’ont fait les Espagnols à Naples, & y font encor
tous les iours, apres auoir par de belles promesses appaisé les premiers
mouuements que leur tyrannie y auoit causéz, comme
la mienne a fait à Paris, & dans le reste de l’Estat. Ie feray tant couper
de testes, qu’il sera difficile de les compter. I’ay le roolle de
tous ceux qui me trauersent : tiens pour certain que chacun aura
sa part. On s’est moqué des haches & des verges qui font mes armes,
on en a fait des railleries, ie feray bien sentir que les verges
pesent, & que les haches sçauent couper. Et comme tu parlois
tantost de licol dans ta Prophetie : Ie t’asseure bien que
tu verras encherir les cordes, & que Paris n’a iamais veu tant
de sentinelles perduës pour sa garde, du costé de Mont-faucon, que
tu y en verras poser auant que l’année finisse. Et pour la bastille
i’y donneray si bon ordre, qu’elle ne seruira plus aux Parisiens pour
les canoniser, mais pour les canonner.
Gaz. Pour venir à bout de ce dessein, il ne falloit pas tant faire
de bruit : vous auez aussi-bien que moy euenté la mine. Vous auez
fait trop amplifier la cruauté des Espagnols contre les Napolitains,