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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


& prendroient les armes pour vous aller mettre en pieces, fussiez-vous
entre les bras de sa Majesté.
 
Le Card. Brise là ie te prie, & n’en dis pas d’auantage. Ie yoy
tres-bien qu’il n’y a plus d’espoir, & qu’il faut aualer le calice du
dernier remede. N’importe vn peu de honte est bien-tost passée, il
vaut mieux faire le poltron, que le temeraire, & le lasche, que le
desesperé.
Gaz. Et quel est ce dernier remede, aurois-ie assez d’efronterie
pour le demander à vostre Eminence ?
Le Card. Il faut faire la paix, à quelque prix que ce soit : Mander
au Parlement qu’il depute des Plenipotentiaires, pour leur accorder
tout ce qu’ils voudront, & mesme au de-là, pourueu qu on
ne parle point de moy, & que ie demeure. I’aduouë qu’il y a vn peu
de lascheté à cedder de la sorte, apres vne si grande leuée de boucliers,
mais il n’y a du remede, c’est plus à la honte de Monsieur le
Prince, qu’à la mienne il vaut mieux fleschir, que perir, & en cette
occasion, puis que le Tellier s’est si fort trompé en son calcul, & que
nous auons si mal pris nos mesures, il est bon de reculer vn peu, afin
de mieux sauter.
Gaz. Et qu’est-ce que V. E. pourra faire apres auoir fait la paix,
& que la Declaration en aura esté registrée au Parlement, & aux autres
Cours Souueraines, & enuoyée dans toutes les Prouinces ?
Le Card. Ce qu’ont fait les Espagnols à Naples, & y font encor
tous les iours, apres auoir par de belles promesses appaisé les premiers
mouuements que leur tyrannie y auoit causée, comme la
mienne a fait à Paris, & dans le reste de l’Estat. Ie feray tant couper
de testes, qu’il sera difficile de les compter. I’ay le roolle de tous
ceux qui me trauersent : tiens pour certain que chacun aura sa part.
On s’est mocqué des haches & des verges qui font mes armes, on
en a fait des railleries, ie feray bien sentir que les verges pesent, &
que les haches sçauent coupper. Et comme tu parlois tantost de
licol dans ta prophetie : Ie t’asseure bien que tu verras enrichir les
cordes, & que Paris n’a iamais tant veu de sentinelles perduës pour
sa garde, du costé de Mont-faucon, que tu y en verras poser auant
que l’année finisse. Et pour la bastille, i’y donneray si bon ordre,
qu’elle ne seruira plus aux Parisiens pour les canoniser, mais pour
les cannoner.
Gaz. Pour venir à bout de ce dessein, il ne faloit pas tant faire
de bruit : vous auez aussi bien que moy euenté la mine. Vous auez
fait trop amplifier la cruauté des Espagnols contre les Napolitains,