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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


auec le Roy s’en retournoit auec eux à Paris, d’où ils ne partiroient
iamais sans leur en demander la permission trois mois deuant, & que
ce Prin-temps l’on porteroit des habits à la mode, tous à l’Italienne,
qui leur feront plus debiter d’estoffe en vn mois, qu’ils n’ont
pas fait depuis deux ans.
 
Gaz. S’il m’estoit permis de faire riposte à V. E. i’aurois aduantage
en cette rencontre : toutesfois elle le pardonnera, s’il luy
plaist au gazetier, & luy permettra de répondre, que i’ay fait encore
tout cela, & beaucoup d’auantage, sans que tout cela ait de rien profité.
Car i’ay fait courir de iour & de nuict, de maison en maison
pour annoncer tous ces discours : I’ay fait solliciter les six corps des
Marchands pour aller au Parlement, se plaindre de ce qu’on ne faisoit
point la paix, & declarer au nom de tout le peuple qu’on la
vouloit à quelque prix que ce fust. Le vieux Marchand drapier, &
l’vn des Gardes, n’a-il pas fait deux fois assembler tous les autres
en sa maison, encore qu’il ne soit pas l’ancien, pour les solliciter à
prendre cette resolution ? Monsieur le Lieutenant Ciuil ne les a-il
pas mandez chez luy, & exhortez à mesme fin, les asseurant qu’ils
feroient vne action agreable à la Reyne, & à V. E. au de-là de ce
qu’ils se pouuoient figurer ? I’ay bien fait d’auantage ; car i’ay donné
aduis, & qui a esté pratiqué, de donner de l’argent à des artisans,
afin de faire du bruit dans leurs compagnies, lors qu’ils seroient en
garde, & aux pauures souz pretexte d’aumosne parmy les ruës, en
leur disant, qu’ils criassent à la faim : il y en a qui ont esté crier
de la sorte iusques dans la Salle du Palais, ce pendant que le Parlement
estoit assemblé, ausquels on a donné de l’argent pour les
faire taire, qui ont depuis esté mis en prison, quand la fourbe a esté
descouuerte.
Le Card. Et tout cela n’a de rien seruy ?
Gaz. Rien du tout. Au contraire, comme vne cruche d’huile
versée sur vn grand brasier, ne fait que l’alumer, au lieu de l’esteindre :
le peuple s’est plus fortement irrité par ces solicitations. Il est
allé en foule au Palais crier la mort de Iules Mazarin, ou la guerre.
Monsieur le premier President a esté menassé en sa personne, & failly
d’estre déchiré par cette populace, que vous appellez ordinairement
canailles : Les femmes mesmes ont fait des assemblées, sont
allées en corps trouuer Monsieur de Beaufort, vostre bon amy, luy
donner aduis de toutes ces menées fecrettes, ne le soliciter pas seulement,
mais le coniurer de tenir bon, comme il auoit commencé,
& qu’apres la vie de leurs maris, elles exposeroient la leur propre,