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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


certaines de ce qui se passoit, que ceux-cy n’ayent donné des Arrests,
celles-là ne se soient souleuées, & tous ensemble n’ayent demandé
l’vnion auec celuy de Paris, & n’y ayent esté receus. Regarde
si tu prends bien tes mesures, & si tu peus gangner de la creance
sur les esprits, en leur debitant à sous main toutes ces menteries, au
mesme temps que les Colporteurs crient & debitent par les ruës
les Arrests d’vnion des Parlements, & des Provinces contre moy,
auec plus de railleries qu’ils ne seroient pas, s’ils parloient de Scaramouche
ou de Iodelet. Considere ie te prie, si c’estoit bien la saison
d’épouuanter les Parisiens par les troupes imaginaires du Comte
de Harcourt, cependant qu’on publioit hautement la chasse que
l’on luy donnoit de tous costez, auec les prises des Villes iusqu’à la
porte du Havre par les sieurs de Longueville & de Matignon : Tu
n’auois qu’à adiouster ce qu’à dit l’Autheur Burlesque des Barricades,
que Konismarc estoit à S. Cloud : le Roy Hugon deuant Bicestre,
& le Poisson Clas sur la Seine à la teste d’vn million de Baleines,
armées chacune de dix canons de cent cinquante liures de
calibre, tu me ferois rire autant que iamais, si i’auois moindre suiet
que ie n’ay pas de pleurer.
 
Gaz. Ie voy bien que V. E. est en mauuaise humeur, & si ie
croyois qu’elle y deust perseuerer, ie prendrois resolution de ne
plus rien faire, que sur les memoires qu’elle me donneroit en main
propre ; car i’auois communiqué ces pieces à Messieurs Le Tellier,
Bautru & de Lyonne, qui les auoient trouuées rauissantes & puissantes
pour nostre dessein : De façon que i’en attendois vn pareil applaudissement
de vostre Eminence.
Le Card. Il y a des voyes plus faciles, moins dangereuses & plus
asseurées. Quand on veust faire vn bon coup, il ne faut pas si fort
sonner la trompette : la trop grande publication de ses forces, met
les ennemis en défiance, & les oblige de se tenir sur leurs gardes. Il
falloit seulement semer en secret parmy les Bourgeois, que ie ne respirois
rien tant que leur repos : que i’estois dans la resolution de
les soulager, qu’ils estoient esclaues sous les Generaux, que l’on vseroit
de violence en leur endroict, apres qu’ils auoient pavé les taxes
volontaires, que la guerre leur coustoit desia plus en deux mois,
que ne feroient pas les impositions d’vne année entire qu’ils deuoient
s’assembler secrettement, & au lieu d’aller en garde aux portes
venir fondre sur le Parlement, l’obliger de tenir son ban, & de se
retirer au lieu de son exil, & puis s’en venir à Saint Germain, où ils
seroient les tres-bien venus, & bien receus de la Reyne, laquelle