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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


n’en est pas de mesme. Ie suis mieux connu que ie ne me connois
pas : On sçait qu’elle est mon origine, iusques à la troisiéme generation :
On sçait le mestier que ie faisois à Rome auant que venir
en France : Toute la France sçait mes belles proüesses depuis que
ie suis dans le ministere, dont elle veut mal de mort à la Reyne
qui les souffre, & qui me maintient. De façon que me louër à present,
c’est me blasmer : dire du bien de moy, c’est me chanter iniures :
& le vray moyen pour m’acheuer de peindre & de perdre,
c’est de faire l’eloge des vertus, dont les passions contraires à la
veuë & au déplaisir de tout le monde, regnent dans mon cœur &
en toute ma conduitte. Ie te pardonne pourtant Renaudot, parce
que tu l’as fait à bon dessein, ainsi que tu dis, & dans la creance
de me faire du bien, & du mal au Parlement, aux Parisiens, & à tous
les François.
 
Gaz. Oüy, Monseigneur, & ie vous le iure de nouueau, foy de
Gazetier. I’ay trop d’interest à la conseruation de vostre personne
& de vostre fortuue, de laquelle la mienne depend absolument, &
si V. E. en sçauoit la principale raison, elle ne douteroit iamais de
ma fidelité, ny de la sincerité de mes intentions à mentir pour son
seruice, voire à deuenir tout mensonge, si cela se pouuoit faire.
Le Card. I’ay en cela suiet de me loüer de toy, mais si tu me
voulois dire cette raison, tu peus penser qu’elle ne me seroit pas
desagreable, & que i’ay assez de discretion pour la tenir secrette s’il
en est expedient.
Gaz. Monseigneur i’ay tant de creance en la bonté de V. E.
que ie luy voudrois moins cacher qu’à Dieu, elle sçaura donc, que
comme i’ay esté curieux d’entendre parler de toutes les sciences,
encore que ie ne sçache rien des vnes ny des autres, & que pour
cela i’aye estably des Conferences dans mon Bureau, outre l’honneur
& le profit qui m’en reuient : I’ay pris vn singulier plaisir à
entendre discourir de l’Astrologie iudiciaire, & suiuant le genie &
la maladie des Grands, quoy que ie ne sois qu’vn ver de terre, i’ay
voulu sçauoir qu’elle seroit la suitte & la fin de ma vie. Pour cet
effet ie fis dresser mon horoscope par deux ou trois des mieux stillez
en cet Art, dont ie me repans bien fort, parce que cela m’afflige
& m’empesche souuent de dormir, lesquels sans s’estre communiquez
l’vn à l’autre, ont trouué la mesme chose par leur supputation :
Sçauoir, que ie serois fortuné, & amasserois force biens soubs le
ministere de deux Cardinaux ; mais qu’à la mort de l’vn ie receurois
vn grand eschet, & qu’à la disgrace de l’autre, ie serois entierement