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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


pour calmer les esprits, & les ratacher plus fortement que iamais
au ioug de vostre domination, par des chaines que ie representois
toutes d’or.
 
Le Card. Cela pouuoit estre bon en ce temps-lâ, & en la bouche
d’vn Chancellier si deuoit, que l’on dit qu’il n’a iamais commis
vn peché veniel, & qu’il a encore la grace de son baptesme : mais
en celuy-cy, & en la bouche d’vn Gazetier, que l’on sçait estre payé
pour mentir, cela estoit hors de raison, & ne pouuoit seruir qu’à
faire rire comme il a fait. Au temps que le Chancellier parloit, on
ne me connoissoit pas, comme on fait à present : Il estoit facile d’épouuanter
le Nonce, & de faire peur au Pape, encore que cela n’ait
de rien seruy, parce qu’on n’auoit pas experimenté à Rome le succez
de mes meilleures intrigues, comme on a fait depuis, bien que
ie fusse Italien. Mes emplois en ce pays-là n’ayant esté que pour
l’amour & pour le jeu, on auoit sujet de s’estonner & de craindre,
me voyant au point de la grandeur, où le hasard, non pas mon esprit,
m’auoient esleué en France. Et pource qui regarde la France,
elle estoit encore ébloüye de l’esclat que la pourpre du Cardinal de
Richelieu m’auoit donné, dans l’employ de quelques intrigues qui
auoient succedé, non pas au bien de l’Estat, mais selon son desir.
On n’auoit pas experimenté, comme on a fait depuis, les succez
honteux & funestes de ma mauuaise conduitte. Ie n’auois pas encore
mis la main sur les finances, emprisonné les Princes, persecuté
les grands, banny les Magistrats, chassé les Officiers du Roy, comme
i’ay fait depuis : Ie n’auois pas encore fait mon frere Vice-Roy
en Catalogne : ie n’auois pas fait perir les aimées, qui depuis y
sont peries : ie n’auois pas laissé perdre Courtray, laissé les armées
sans solde, les deux & trois années, trauersé la paix generale de la
Chrestienté, obligé l’Empereur de remettre les Eglises entre les
mains des Heretiques : En vn mot, ie n’auois pas encore rien fait
de ces choses, qui depuis ont fait gemir & perir tant de personnes.
I’estois au contraire, vn jeune homme bien fait, de bonne
mine, tousiours bien aiusté, qui sentois lambre gris de cent pas,
qui sçauois toutes les gentilesses qu’il faut sçauoir pour estre parfait
Courtisan, adroit aupres des Grands, & dauantage aupres des
Dames : qui me vantois de sçauoir toutes les regles de la conduitte
d’vn Estat, aussi bien que celles du Hoc, dont ie faisois des leçons,
& qui porte mon nom. Ainsi dans cette conjoncture le Chancellier
auoit quelque raison, outre son interest particulier, par ce
qu’il estoit en mon pouuoir de le desceler. Mais maintenant il