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Mazarinade n° B_11_34

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Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN, AVEC LE GAZETIER. Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : B_11_34.


mois, vous diriez que Renaudot est bon à quelque chose. Apres
tout, que V. E. se réjouysse cecy n’est qu’vne petite nuë, qui ne
fera que donner vne nouuelle lumiere à vostre grandeur, & tant
d’éclat, qu’il faudra auoir de bonnes lunettes pour n’en estre pas
ébloüy.
 
Le Card. Ie vois bien qu’vn singe est tousiours singe, qu’vn
flateur & vn menteur ne sçauroient faire autre mestier, pren garde
que tu ne m’irrites à la fin : vn esprit desesperé s’attache à tout,
& ne pardonne rien, & n’estime pas que ie sois reduit en tel estat,
que ie ne puisse encore te faire du bien ou du mal. Vn grand
chesne en tombant brise bien des plantes qui se trouuent au
dessous.
Gaz. Vostre Eminence sçait mieux que tout autre, si ie suis ou
menteur ou flateur. Depuis le temps que ie me mesle de faire
des gazettes, il n’y a personne qui ignore que ces deux passions,
les plus infames pour vn homme d’honneur, n’ont point de place
dans mon cœur. I’ay tousiours procedé auec tant de sincerité, &
sans interest, que l’on ne me sçauroit blasmer d’auoir iamais dit,
que la verité, comme il l’a faut à la Cour, & pour le contentement
de Messieurs les Ministres. Car comme c’est souz leur authorité,
& pour eux que ie travaille, & que par leur moyen ie suis
venu de la mandicité à vne opulence au de-là d’vn homme de
ma profession, i’ay tosiours fait voir la verité des choses conformément
à leur desir, ie les ay representées au public, suiuant leurs
idées, & de ce la ie donne parole a V. E. foy d’homme d’honneur,
où foy de Gazettier qui est tout dire.
Le Card. Soit donc ainsi que tu le dis, & que ie le veux croire
pour mon repos : Il est à present question si iamais, comme i’ay dit
au commencement, de m’en donner des témoignages. Il est question
d’oster de l’esprit des peuples les mauuaises impressiõs qu’il
a conceuës de mon Ministere ; il faut chercher des inuentions pour
les separer d’auec le Parlement, & d’auec les Generaux : pour les
irriter contre les vns & les autres, leur faire à croire que ie les ay
grandemẽt soulagez, encore que ie les ay oppressez, que si ie quitte
la conduite ils sont tous perdus, encore qu’il soit certain qu’ils
le seront si ie continuë. Que i’ay fait venir de grans thresors d’Italie,
encore que i’y aye enuoyé la plus grande partie de ceux de la
France : & que leur felicité seroit accomplie s’ils m’auoient vn iour
pour Roy, mais que c’est vne faueur qu’ils ne méritent pas. Enfin
que s’ils veulent voir regner le siecle d’or, il faut chasser le Parlement ;