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Mazarinade n° B_4_22

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.


dans l’extrémité de mes maux, & que ie me repaissois
de ce plaisir imaginaire, d’auoir obeï auec quelque
sorte de succez aux genereux mouuemens que la nature
m’auoit inspirée en faueur de mes enfans, & d’auoir par
mes pleurs excité la compassion de mes luges, attendri le
cœur de quelques vns de mes ennemis, & fait verser des
larmes sur ma misere à la pluspart des bons Bourgeois de
Paris ; quand à mon reueil le premier jour de May, j’appris
par Madame la Duchesse de Chastillon, & puis par
le Pere Tiersault Iesuite mon Confesseur, la mort de Mademoiselle
de Dunois, fille de Madame de Longueuille,
decedée depuis 5. ou six jours à Chantilly, mort qui m’auoit
esté sagement dissimulée, de peur que regrettant la
perte de ma petite fille, ie me rendisse incapable de solliciter
auprées de mes Iuges, le salut & la liberté de mes
autres enfans.
 
Vostre Majesté sçait bien, MADAME, puis qu’elle
est mere, combien cette perte me fut sensible, & combien
ie répandis de pleurs à la memoire d’vne innocente,
que Dieu sans doute attiroit à luy, pour ne luy pas laisser
souffrir le reste des maux qui nous sont preparez. Comme
ie m’enquerois des moindres particularitez de sa maladie
& de sa mort (ainsi qu’il est ordinaire aux malheureux
de parler sans cesse de leurs miseres) & que ie priois
instamment jusques au moindre de mes gens, de me faire
venir en diligence de Chantilly le petit Comte de sainct
Paul, vn des fils de Madame de Longueuille, comme si
ma veuë le pouuoit conseruer d’vn pareil accident dont il
est encore menacé, l’on m’alla dite que plusieurs gardes,
conduits par le sieur de Bragelone, Enseigne des Gardes
du Corps, s’estoient emparez, à main armée, de mon
Chasteau de Chantilly, qui n’estoit defendu que du Portier
& de la Concierge, qu’ils y auoient exercé mil desordres,
enfoncé le lambris & les planchers des Chambres
& des Cabinets, & defiguré les manteaux des cheminées,
& ceux-là mesme qui estoient ornez du portraict de vostre