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Mazarinade n° D_2_38

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M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.


de vostre au dace, & si peu que la patience s’ennuie dauantage,
on esclattera contre vous sans retenuë ; toutes vos actions
passées n’auront plus de force sur les esprits ; & comme il
n’est point de blancheur que la noirceur de l’ancre ne salisse
& n’efface, il n’est point aussi d’esclat dans vos actions passées
qui ne s’enseuelisse dans l’infamie des presentes, & qui
ne se perde dans cet abysme de malheurs que vous vous causez.
On vous considere non plus comme vn sage, comme vn
vaillant, & comme vn fidel Germanicus, mais comme vn
cruel, vn desesperé perturbateur du repos public, vn ennemy
du Prince & du peuple. Vous auez beau flatter & promettre
de belles choses, on cognoist trop que les debordemens
de vos passions ne sont pas comme ceux du Nil qui
font la richesse de la terre, ils en font plustost le dommage.
Si vous estes de l’humeur des Lestrigons, qui viuent de
sang, & de celle des Salemandres qui se nourrissent dans
les flammes. Tout le monde n’en est pas de mesmes, & ces
deux sortes d’alimens nous font horreur & nous donnent
de la terreur autant qu’elles vous pourroient donner de
plaisir.
 
Ce n’est pas toutefois que cette terreur soit grãde, cõme cette
horreur est extreme : vos armes espouuantent fort peu ceux
qu’elles offensent, & donnent fort peu de crainte en donnant
beaucoup d’auersiõ. On voit bien que d’vn party qui à la teste
abattuë, vous ne pouuez estre que de foibles membres ; que
comme ces serpens qui sont couppez en deux, vous remüez
encor la queüe, plustost par vn reste de chaleur mourante,
& par vne foible inquietude d’esprits esperdus, que par vn
vigoureux principe de vie. Il est de vos desseins & de vos
mouuemens, comme de ceux des flots agitez par la tempeste :
elle finist, mais ils ne finissent pas si tost qu’elle ; le vent
& la pluye s’appaisent, l’horreur des tenebres se dissipe ; le
feu des esclairs cesse, le tonnerre se taise, les nuages s’escartent,
le Ciel paroist serain, le Soleil brille sur les ondes, tout
est calme, & les vagues sont encor esmeuës. Cette esmotion
toutefois ne dure plus gueres quand la cause est cessée il