[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_2_35

Image de la page

Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.


pour nostre seruice & pour la defense de l’Estat, en diuers lieux font
éloignez : Circonstance que nous estimons digne de tres-grande reflexion,
aussi bien que celle des fortifications de Stenay & de Clermont,
où on trauailloit incessamment à ses despens : Comme encor le
prix fait depuis vn mois à deux cens mille francs pour fortifier Bellegarde.
N’estant gueres à presumer qu’à moins d’auoir des pensées &
des desseins tout à fait extraordinaires, il eust voulu des pensées &
des desseins tout à fait extraordinaires, il eust voulu employer son
propre argent à rendre plus forte les places qui sont desia de soy en
tres-bon estat, & qui ne sont menacées d’aucun ennemy. Nous auons
par beaucoup de respects dissimulé nos iustes ressentimens iusqu’à
vne telle extremité, que nous sommes asseurez que le monde jugera
que nous auons trop hazardé par nostre patience. Il est vray que nous
esperions tousiours que la prudence que nostredit Cousin pourroit
acquerir par l’âge, modereroit cette grande ardeur. Ou que tant de
biens faits sans exemple dont nous l’auions comblé, l’obligeroient à
se tenir par gratitude dans les termes de son deuoir : Mais ayans au
contraire veu les choses reduites en tels termes qu’il falloit se resoudre,
ou à luy accorder tout (& par cette voye nous aurions esté bien
tost dépoüillez) ou à le luy refuser (& nous l’aurions veu bien-tost
les armes à la main contre nous mesmes) voyans d’ailleurs que la
profusion de nos graces ne seruoit plus qu’à luy en faire tous les iours
pretendre de nouuelles : qu’vne plus longue tollerance seroit la perte
infaillible de l’Estat, si on ne trouuoit bien-tost quelque moyen d’arrester
la course violente de ce Torrent qui n’auoit plus de digues qu’il
ne rompist pour tout inonder : Et ayans enfin remarqué depuis quelque
temps, que les avis que nous receuions de quelque endroit generalement
que ce fust des païs estrangers, s’accordoient tous à dire que
le plus veritable sujet de l’auersion que les Espagnols tesmoignent à
la conclusion de la paix, procede de ce qu’ils veulent voir auparauant
à quoy aboutiront les desseins & les actions du Prince de Condé, qui
va (disoient ils) s’emparant tous les jours des principales forces de
l’Estat, & de l’authorité, ce qui ne peut pas tarder, ou de produire
vne guerre Ciuile dans ce Royaume, où de causer le bouleuersement
de cette Monarchie : Nous auons estimé que ce seroit déffaillir à Dieu
qui nous a commis le regime de cét Estat, à nous mesmes, & au
bien & repos de nos sujets, si nous n’apportions sans plus de delay, remede
à vn mal deuenu desormais si pressant, qu’il eust pû estãt negligé
donner bien-tost vn coup fatal à l’Estat. NOVS auons donc resolu
par l’auis de la Reine Regente nostre tres-honorée Dame & Mere,
de nous asseurer de la personne de nostredit Cousin le Prince