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Mazarinade n° D_2_35

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.


Conseil, & au dehors, nous ont representé en mesme temps qu’vne
plus longue patience rendroit bien tost le mal sans remede, &
que l’vnique moyen d’en garantir nostre Estat, aussi bien que nôtre
personne, estoit de faire arrester nosdits Cousins, qui tenans
tous les iours des Conseils de famille pour l’establissement de cette
puissance qu’ils vouloient opposer à la nostre, n’auoient pas honte
de compter entre les moyens d’y paruenir, outre les grandes
charges, & les gouuernemens des Prouinces qui sont à eux ou
dans leur dependance, qu’ils estoient desia maistres de toutes les
grandes riuieres du Royaume par les diuerses places qu’ils ont entre
leurs mains, ou qu’ils croyoient auoir en leur deuotion sur les
riuieres de Seine, de Meuse, de Saône, du Rosne, de Loire de Garonne
& de Dordoigne. En fin, pour renouueller si on eust peu en
ces temps-cy l’exemple des anciennes puissances, qui ont fait passer
autresfois ceux qui les ont euës d’vn estat particulier à la Royauté.
Et afin que l’authorité que ledit Prince a desia enuahie fust
encore accruë notablement, estant appuyée, sur vn pouuoir legitime
emané de nous, il poursuiuoit viuement pour se faire donner
l’espée de Connestable, quoy que la charge ayt esté supprimée,
laquelle iointe au baston de Grand Maistre, & à l’Amirauté
dont il ne tenoit la poursuite en surseance que iusqu’à ce qu’il
eust esté creé Connestable : Il eust eu par l’vne, nostre Maison &
tous nos domestiques sous son pouuoir : Par l’autre, le commandement
general sur tous les gens de guerre de nostre Royaume : &
par la troisiesme, la puissance absoluë sur la Mer & sur les Costes.
Et comme nous luy auions fait representer touchant l’espée de
Connestable que nostre tres-cher Oncle le Duc d’Orleans auroit
grand sujet d’en estre offencé, pour l’interest de la charge, qu’il a
de nostre Lieutenant general en toutes nos armées & Prouinces :
Il demandoit maintenant que nous en fissions expedier les prouisions
sans le sceu de nostre dit Oncle, pour les tenir secrettes iusqu’à
ce qu’il eust pû le luy faire trouuer bon, ou plustost iusqu’à ce
que les desseins qu’il meditoit luy dõnassent lieu de soustenir l’affaire
hautement quelque desordre qu’il en pût arriuer. Cependãt,
pour se mettre mieux en estat de nous violenter en toutes choses,
en mesme temps qu’il faisoit des poursuites si extraordinaires, il
demandoit auec grande instance sous diuers pretextes qu’on fist
approcher de ces quartiers-cy les toupes qui portent son nom, ou
qui en dependent, lesquelles seules sont capables de composer vn
Corps d’armée : sans auoir égard que la pluspart sont employées