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Mazarinade n° A_9_38

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.


pour nostre seruice & pour la defense de l’Estat, en diuers lieux
sort éloignez : Circonstance que nous estimons digne de tres-grande
reflexion, aussi bien que celle des fortifications de Stenay
& de Clermont, où en trauailloit incessãment à ses despens : Comme
encor le prix fait depuis vn mois à deux cent mille francs pour
fortifier Bellegarde : N’estant guéres à presumer qu’à moins d’auoir
des pensées & des desseins tout à fait extraordinaires, il eust voulu
employer son propre argent à rendre plus fortes des places qui
sont desia de soy en tres bon estat, & qui ne sont menacées d’aucun
ennemy. Nous auons par beaucoup de respects dissimulé nos
iustes ressentimens iusqu’à vne telle extrémité, que nous sommes
asseurez que le monde iugera que nous auons trop hasardé par
nostre patience. Il est vray que nous espérions tousiours que la
prudence que nostredit Cousin pourroit acquerir par l’aage, modéreroit
cette grande ardeur : Ou que tant de bien faits sans
exemple dont nous l’auions comblé, l’obligeroyent à se tenir
par gratitude dans les termes de son deuoir : Mais ayans au
contraire veu les choses reduites en tels termes qu’il falloit se
résoudre ou à luy accorder tout (& par cette voye nous aurions
esté bien-tost despoüillez) ou à le luy refuser (& nous l’aurions
veu bien-tost les armes à la main contre nous mesmes)
voyant d’ailleurs que la profusion de nos graces ne seruoit plus
qu’à luy en faire tous les iours pretendre de nouuelles : qu’vne plus
longue tollerance seroit la perte infaillible de l’Estat si on ne trouvoit
bien-tost quelque moyen d’arrester la course violente de ce
Torrent qui n’auoit plus de digues qu’il ne rompist pour tout inonder :
Et ayant enfin remarqué depuis quelque temps, que les avis
que nous receuions de quelque endroit generalement que ce fust
des pays estrangers, s’accordoyent tous à dire que le plus veritable
sujet de l’aversion que les Espagnols tesmoignent à la conclusiõ de
la paix procede de ce qu’ils veulent voir auparauant à quoy aboutiront
les dessems & les actions du Prince de Cõdé, qui va (disoiẽt-ls)
s’emparant tous les jours des principales forces de l’Estat &
de l’authorité, ce qui ne peut pas tarder ou de produire vne guerre
Ciuile dans ce Royaume, ou de causer le bouleuersement de cette
Monarchie : Nous auons estimé que ce seroit deffaillir a Dieu qui
nous a commis le régime de cet Estat, à nous mesmes, & au bien &
repos de nos sujets, si nous n’aportions sans plus de delay, rémede à
vn mal devenu desormais si pressant, qu’il eust pû estant negligé
donner bien-ost vn coup fatal à l’Estat, NOVS auons donc résolu