[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_5_14

Image de la page

Latour,? (capitaine) [?] [1649], LETTRE DV CAPITAINE LA TOVR CONTENANT LA REFVTATION des Calomnies imposées au party du Parlement, & de la Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_2083. Cote locale : A_5_14.


dire, commis milles infidelitez & trahisons en son Administration,
& qui fait voir clairement par le succez de ses actions, qu’il n’a iamais
eu autre dessein, que de laisser le royaume dans vne désolation
lamentable, apres s’estre enrichy de ses despoüilles.
 
Que si pour sa iustification, vous m’alleguez les éloges affectez
& en partie supposez, qu’il se fait donner par la Declaration du Roy
portant suppression des offices du Parlement, ie n’ay qu’à vous dite
que nous deuons la paix de Cazal à nostre propre vertu, plustost
qu’à sa negociation, & que les Espagnols n’ont pas esté portez
à nous quitter ceste ville, par la persuasion d’vn si foible entremetteur,
ils ont consideré la resolution & la valeur inuincible de nostre
armée, qui la voyoient toute preste à les forcer & deffaire, en sorte
que s’il s’est acquis quelque obligation dans ce rencontre, c’est plustost
sur les Espagnols, ausquels il sauua vne honteuse & entiere
deffaite que sur la France, à laquelle il enuia vne victoire certaine.
Et quant à la Sauoye, elle a accepté la protection de la France,
auant que le Cardinal fut dans les affaires, & lors que le feu Duc
de Sauoye laissa volontairement Pignerol entre les mains du Roy,
il vint de son propre mouuement chercher dans l’amitié & la faueur
de nostre Monarque, le repos & la seureté, dont l’Espagne
n’auoit pû le faire iouïr : mais quand les seruices du Cardinal Mazarin
nous auroient esté vtiles en ces deux rencontres, les bienfaits
qu’il a receus du feu Roy, l’en ont recompensé au centuple, comme
il le recognoist luy-mesme ; & il a tesmoigné en tout ce qu’il a
fait de puis qu’il ne nous auoit point seruy par vne vraye affection,
mais seulement pour s’introduire & s’authoriser, afin de s’acquerir
de l’employ, & de se mettre en credit, pour nous pouuoir piller
& trahir comme il a fait.
Que si vous m’alleguez encore ce qu’il fait publier par ses libelles,
& qu’il a eu si peu d’ambition, qu’il ne s’est acquis aucunes
places ny gouuernemens en France ; ie vous respondray que ceste
addresse par laquelle il a endormy les esprits, a esté vne maxime
bien plus asseurée pour l’establissement de sa tyranie en France, que
les places & les gouuernemens qu’il y pouuoit auoir, car par ce
moyen il a voulu éuiter la ialousie des grands, qui eussent peu choquer
& controller ses actions, & ainsi a eu plus de moyen & de liberté
de faire ce qu’il desiroit. Et maintenant apres auoir affoibly
la France, d’vne de ses principalles forces, qui est l’or & l’argent,
il peut auec iceluy, se rendre bien-tost Maistre des principalles places
du Royaume si Dieu ny remedie : Mais pour en parler plus sainement,
n’auoit-il pas desia les places qu’il vouloit en sa puissance
puis qu’ayant vn pouuoir absolu sur la Reyne, il disposoit à sa volonté