[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_3_27

Image de la page

Gio. Battista Lucrino [signé] [1649], LETTRE DECHIFFRÉE D’VN MAZARINISTE A MAZARIN, TROVVÉE ENTRE S. GERMAIN & Paris, &; traduite d’Italien en François. , françaisRéférence RIM : M0_2067. Cote locale : C_3_27.


aussi peu de voix en Chapitre que Lucrino son seruiteur & le
vostre, s’imagine pourtant sçauoir tousiours quelque tantinet
de ce qu’on y delibere : mais, à ce que ie voy, ce sont pour luy,
aussi-bien que pour moy, Lettres closes, & ie n’y entendray
iamais que le haut Allemand, si ie n’en apprens que ce qu’il m’en
enseignera. Iugez donc, Monseigneur, en quoy ie vous puis
estre vtile dans vn lieu, où sans seruir vostre party, &; sans deseruir
l’autre, ie voy à tous moments ma teste exposée à credit aux
traits de la haine publique. Car enfin le Singe est tousiours Singe,
& paroist tousiours tel, de quelque façon qu’on le puisse déguiser :
nous auons beau marcher vestus da Francese, nous sommes
tousiours reconnus des enfans mesmes, & n’est si petit
barbet ou si ladre mastin, qui (pourueu qu’il soit François) ne
chasse de haut vent, & ne semble de sa gueule abayante crier en
son langage de cent pas loin, A l’Espion, Au Mazariniste. La
pluspart de mes confreres, à qui ce prodige a fait peur, ont
fendu le vent ; & quelques vns de ceux qui ne les ont pas suiuis,
ne sont pas maintenant à s’en repentir. Ie les ay veu mener
comme des Espousées à l’Hostel de Ville militairement garrottez
de mesche ; & ie crains fort, si iamais ils en sortent, que ceux
qui des fenestres de ce magnifique Palais ne leur verront pas
faire le saut de Breton, ne fassent encherir les lunettes d’approche.
C’est vn spectacle duquel on a frustré l’esperãce du peuple,
qui n’en eust pas tiré moins de diuertissement, que des mommeries
dont l’a priué l’absence du Roy que vous auez enleué.
Ce n’est pas que l’on ait passé Caresme-prenant à Paris si tristement
que l’on s’imagine à Sainct Germain, & que ces iours
destinez à celebrer des Mariages se soient inutilement écoulez ;
n’en eust-on point fait d’autre que celuy du Parlement auec
la Ville de Paris, On ne les a que trop bien employez. Rien ne
manquoit à la resiouyssance de la Nopce que vostre presence,
Monseigneur. Et ie me suis fort estonné, que ny l’vne ny l’autre
des parties, qui pourtant vous y souhaittoient ardemment, n’ait
songé à vous y conuier. Chacun en parle diuersement, & de la
diuersité de tant de sentimens ie n’en sçaurois former qu’vn
seul qui soit raisonnable, que vous eussiez mieux aimé assister
aux funerailles qu’à la Nopce de cette couple illustre.