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Mazarinade n° C_4_59

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D. F. [signé] [1649], MONOLOGVE OV ENTRETIEN DE MAZARIN SVR SA BONNE ET SA MAVVAISE Fortune. En Vers Burlesques. , françaisRéférence RIM : M0_2490. Cote locale : C_4_59.



La peur rend chacun d’eux, maistre de sa colere,
Et pour l’amour de soy doux à son aduersaire ;
Ces clements cœurs font grace à leurs corps harassez,
Ils se sont fait la peur, pour eux c’est bien assez
Que leur flegme est vaillant de vaincre ainsi leur bile,
Aussi le plus meschant n’est pas le plus habille
Qui donne vn coup si viste en reçoit bien-tost deux :
S’ils s’estoient massacrez estoit-ce pas fait d’eux,
Quel dam pour leur païs, & pour eux quel dommage
Ils n’auroient plus briffé macaron ny fromage,
S’ils s’estoient tronçonez, corps, iambes, testes, bras,
La gourmande Atropos en eust fait ses choux gras,
Mais leur peur triomphante en ce duël de marque,
Fait la figue aux barbiers & la nique à la parque,
L’effroy qui les conserue en leur meilleur plastron,
Vn vaillant mort n’est rien prés d’vn viuant poltron,
Rafraichis par la peur mieux que par eau de pougue,
Ils vont au cabaret triompher de leur fougue :
Et beflant le Demon qui les auoit tentez
Loin de s’entremanger vont boire leurs santez.
La couriere à bon bec, est cependant habile,
Le bruict de ce combat bourdonne par la ville,
Empire du repos & siege de la Paix.
Que le respect commun garde sans parapets,
Ville ou drille affamé ne plume iamais l’oye,
Où les plus gros canons ne pettent que de ioye ;
D’vn repos si public vos deux Gladiateurs
Par ce rude combat font les perturbateurs,
Ils semblent meriter apres leur escapade
De prendre vn autre essor au haut de l’estrapade,