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Mazarinade n° C_9_52

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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE REMONSTRANCE DV PARLEMENT DE PROVENCE. AV ROY, SVR LE GOVVERNEMENT de Monsieur le Comte d’Alais. , françaisRéférence RIM : M0_3816. Cote locale : C_9_52.


des personnes affamees, qui portees du desespoir de leurs
affaires domestiques, poursuiuies de toutes parts par leurs
creanciers, ont prins cet auguste lieu pour vn azile de leur
mauuaise foy, & pour vn secours à leur extreme misere : Enfin
dans cet estrange changement, & ce bijarre assemblage
que la fortune auoit fait de ses Iuges ridicules : On eust dit
que c’estoit vn parlement Comique, & qu’il estoit plus propre
à representer vn Senat dans l’Hostel de Bourgongne,
qu’à rendre iustice dans vne prouince.
 
Aussi ce monstre n’a iamais pû paruenir à sa naturelle grandeur,
il s’est enflé d’orgueil, mais il n’a iamais pû croistre iusques
à sa mesure, & la politique a fait voir que si elle pouuoit
comme la nature faire des fautes, elle ne les vouloit pas
acheuer.
Il est important (SIRE) que vostre Majesté sçache beaucoup
des choses qu’elle n’auoit pas ordonné, & que toute la
France voye le desordre que ce Semestre a fait en cette
Prouince. A peine il fut monté sur ce Tribunal qu’il en fit vn
lieu de vangeance & de haine : On y a veu publier des Declarations
contre l’honneur & la dignité de vos Officiers,
qui faisoient murmurer tous les gens de bien enuers les calomniateurs
qui donnoient à vostre Conseil de si fausses
impressions de leurs Magistrats legitimes : On y a veu regner
absolument Monsieur le Comte d’Alais, vn billet escrit
de sa main estoit vn Arrest solemnel : sa liuree estoit la
Iurisprudence de son nouueau Parlement, il n’y auoit point
de cause qui n’eust esté decidee deuant luy auant que d’estre
portee aux Iuges, & la Loy n’auoit plus rien à faire apres
que sa volonté auoit esté expliquee.
C’estoit vn moyen facile pour sousmettre toute la Prouince
à ses desirs, la crainte & l’interest partagent la pluspart
des hommes, & il s’estoit rendu par cette voye maistre
de l’vne & de l’autre ; car on l’a veu si persuadé de ce nouuel
Empire, que pour s’y maintenir il enuoya dix sept Lettres
de cachet par son Secretaire en autant de maisons des anciens
Officiers qui luy commandoient de vuider la Prouince,