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Mazarinade n° C_1_21

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Anonyme [1649], SVITTE DE L’AGREABLE CONFERENCE DE DEVX PAISANS DE SAINT OVEN & de Montmorency. , patoisRéférence RIM : M0_54. Cote locale : C_1_21.


SVITTE
DE L’AGREABLE
CONFERENCE
DE DEVX PAISANS DE
S. Oüen & de Montmorency.

IANIN reuenant de Paris apres huict iours d’absence, fut apperceu
de son cousin Tallebot qui tendoit des hluaux sur vn
fresne, aussi tost que celuy-cy l’eut enuisagé, il ne fait qu’vn
saut du haut de l’arbre en bas & sans songer à sa besoigne,
court à perte d’haleine au taudis de son cousin, il y trouue sa femme
Parette, sa sœur Ieanne, & ses deux enfans, qui par vne piallerie
à quatre parties, chantoiẽt l’Oraison funebre du pauure Ianin,
mais dés qu’il leur eut appris les nouuelles de son retour, ils
passent de l’extremité de la tristesse à celuy de la ioye, ils accourent
au deuant de luy comme des fous, & publiẽt en chemin son
arriuée ; en sorte que dans vn moment tout le village s’assemble
sous l’orme, il se fait vn murmure de voix, dans lequel on ne peut
discerner que ces mots, Ianin reuian de Pazy ; Il par est aussi-tost
tenant par les mains sa femme & sa sœur, ses enfans le tiennẽt au
cul & au chausses, & vne troupe de mardailles sautent apres luy
comme des poussins apres leur mere ; les Marguilliers du lieu le
vont receuoir, & le font asseoir sur le banc des plaids : Aussi-tost
qu’il y est assis il s’essuye le visage de la basque de sa roupille, il
deffule son chappeau, & s’en sert comme d’vn superbe euentail,
tandis que toute l’assemblée demeure le col allongé, les yeux ouuerts,
& la gueulle beante, pour donner audience à ce venerable
Courier : Enfin s’estant r’affublé, reboutonné & retroussé son
chapeau, il reprend son haleine auec vn soupir qui eust fait moudre
vn moulin, & commence sa relation en ses propres termes.
Nan dy ban vray, qui peche & ne s’amande, à Guieu se requemande,