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Mazarinade n° C_10_17

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.


SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE
DV CARDINAL MAZARIN,
Par luy declarée en vne lettre qu’il escrit à vn de ses Confidents,
pour se purger contre l’Arrest du Parlement, & des Faicts
dont il est accusé.

Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement.

Et premierement la lettre du Cardinal Mazarin à T. T. son Confident.
MONSIEVR, La conduite de mon entreprise
n’ayant vn succez si heureux, comme ie me l’estois promis, ie
voids bien qu’il me faut chercher vne autre voye, pour me restablir au
rang que i’ay acquis dans le Royaume ; m’estant du tout impossible de
mettre le Parlement & le Peuple à la raison, attendu la mutuelle vnion
de toutes les Prouinces & leurs intelligences auec vne partie de nos gens de
guerre, aux efforts desquels nostre party ne pourra resister, lors que toutes
leurs forces seront assemblees pour nous combatre : C’est pourquoy ayant aussi d’ailleurs esprouué,
que ie ne pouuois estre en seureté en aucun autre Royaume, ou Republique, qui tous
ont refuse de me receuoir, quoy que mon or & mon argent y soient en depost, & que i’aye employé
tout mon credit pour les en conuier ; I’ay resolu auparauant que d’attendre que ceux du
party contraire ayent aucun auantage sur moy, d’aller me iustifier au Parlement des accusations
que l’on m’impose, pour faire leuer l’Arrest qu’ils ont donné contre moy sans aucune formalité.
Ce qui produit, ce m’a-on dit, vne nullité en la forme, & m’ouure le moyen de me faire
releuer de la condamnation portée en iceluy. Mais pour y paruenir, & ne rien faire auec
legereté, ie me suis fait enuoyer par vn de mes amis, qui a cognoissance des intentions de ceux
qui me veulent du mal, vn Memoire des Faits & Articles, sur lesquels ils pourront me faire
interroger ; lequel ayant receu de sa courtoisie, i’ay esté bien aise d’apprendre qu’ils n’auoient
plus grande instruction contre moy ; ce qui me donne occasion de demeurer dans le dessein que
i’auois pris : Mais auparauant que de l’executer, i’ay encores trouué à propos de communiquer
à vne personne capable & affectionnée pour mes interests (comme ie vous estime, Monsieur)
les Responses que i’ay preparées sur les calomnies que l’on m’impute, pour voir si ie ne me
trompe pas, de croire qu’estant contraint d’aduoüer tous les faits dont ie suis accusé, attendu
que la preuue en est maintenant trop facile à mes ennemis, ie puis par la force de mon raisonnement,
& de ma Politique, facilement destruire & satisfaire à tous les chefs des accusations
que l’on me propose, sans laisser aucun suiet à mes Iuges de reuoquer en doubte mon innocence.
C’est ce qui me fait enuoyer vers vous ce porteur, pour vous donner auec la presente le
Memoire de ces Faits apostillez de mes Responses ; afin que ie puisse receuoir vostre sentiment
au retour de ce Courier, qui est vne voye tres-fidele & tres-seure. Ie vous prie donc de
trauailler à cet examen auec la fidelité qui vous est ordinaire ; & i’espere que vous iugerez
comme moy, qu’il est bien difficile de surprendre vn Italien rompu dans les grandes affaires,
quand il a le temps de preparer sa defense, & qu’il faudroit auoir beaucoup d’addresse pour
me susciter des accusations, ausquelles ie ne puisse satisfaire par mes artifices. Esperant
donc de vos nouuelles, ie suis
Vostre seruiteur & amy, I. M. C.
A S. Germain en Laye ce 16. iour de Fevrier 1649.