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Mazarinade n° B_5_56

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Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.


& il fut obligé vers la Chandeleur de faire vn voyage à Paris,
d’où il ne retourna que pour le Vendredy de la Passion. On le rapporta
fort malade, car il mourut le Lundy de la semaine Sainte
sur le midy. Ce n’est pas avec luy que j’ay plus offensé Dieu ; car
il ne s’est rien passé de tout à fait noir entre luy & moy ; & toute la
liberté qu’il a euë, consiste en quelques attouchemens lubriques
reciproques, vne fois principalement.
 
Mais en ce dernier voyage qu’il fit à Paris, je ne dois pas obmettre,
qu’il me confia vne cassette, dont il me laissa aussi la clef :
avec defense de l’ouvrir, & de la bailler à qui que ce fust. Il devoit
pourtant se souvenir, qu’il mettoit son depost entre les mains
d’vne fille, c’est à dire, d’vne curieuse effectivement. Ie me laissay
emporter à la curiosité de l’ouvrir ; & entre autres choses je sçais
que j’y vis vne fueille de papier écrite de sa main de tous les côtez,
laquelle je ne pus lire. A son retour je luy rendis sa cassette
avec la clef ; & apres que je l’eus soigné & assisté le peu de jours
qu’il fust malade, non pas toutesfois medicamenté d’vn vlcere
vilain entre le siege & la partie honteuse (ainsi que disẽt les filles)
moy estant presente le Lundy saint, jour de son deceds, il bailla ladite
fueille de papier à Mathurin Picard, & luy dit qu’il estoit son
frere & bon amy, qu’il sçavoit bien comme il avoit vécu, & qu’il
le faisoit son successeur pour la conduite de la Maison des Religieuses
en la mesme maniere qu’il l’avoit commencée. Puis la
cassette me fut remise entre les mains, pour la porter au Monastere,
luy me disant que je ne me souciasse point de ce qu’on en feroit,
& que j’eusse à me retirer de la chambre ; parce qu’il vouloit
entretenir secretement M. Picard touchant ma personne, me recommander
à ses soins, & luy dire quelque chose de particulier
qui me concernoit.
Cette fueille de papier écrite de tous les côtez, dont il est icy
parlé, est le papier de blasphemes. Il est signé de David & de Picard,
& je l’ay veu du depuis au Sabat diverses fois representé par
Picard. On en fait lecture durant la celebration de la Messe en ce
lieu infame, où il sert de Canon, aux Processions & Professions,
dans toutes les occasions d’importance ; & tous les assistans sont
obligez d’y consentir. Il ne contient que des blasphemes & imprecations
horribles, contre la Tres-sainte Trinité, le saint Sacrement
de l’Autel ; les autres Sacremens, & les diverses ceremonies