[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° B_5_56

Image de la page

Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.


& suivie par les Meres, qui nous gouvernoient. Ce mauvais homme
& dangereux Prestre, sous pretexte d’introduire la parfaite
obeïssance, qui doit aller jusques aux choses plus difficiles & repugnantes
à la Nature, introduisoit des pratiques abominables, par
lesquelles Dieu a esté extraordinairement deshonoré & offensé.
Oseray-je seulement les nommer ? Il disoit, qu’il falloit faire
mourir le peché par le peché, pour rentrer en innocence, & ressembler
à nos premiers parents, qui estoient sans aucune honte
de leur nudité devant leur premiere coulpe. Et sous ce langage
de pieté apparente que ne faisoit-il point commettre d’ordures &
de saletez ? Les Religieuses passoient pour les plus saintes, parfaites
& vertueuses, qui se dépoüilloient toutes nuës, & dansoient
en cét estat ; y paroissoient au Chœur, & alloient au Iardin.
Ce n’est pas tout : On nous accoûtumoit à nous toucher les vnes
les autres impudiquement ; & ce que je n’ose dire, à commettre
les plus horribles & infames pechez contre la Nature, que mon
Consesseur m’a dit avoir esté remarquez par S. Paul en son Epître
aux Romains, pour avoir esté les plus excessifs desordres sous
le regne du Prince de l’Enfer parmy les Payens. I’y ay veu mesme
abuser de l’Image du Crucifié. O horreur ! j’y ay veu exercer
la Circoncision sur vne figure, ce me semble de paste, que quelques-vnes
prirent apres pour en faire ce qu’elles voulurent I’y ay
veu en outre prophaner le tres-saint Sacrement de l’Autel, qui
estoit à la disposition des Religieuses, parce que le Tabernacle
avoit vne ouverture aussi bien de leur costé que de celuy de l’Eglise,
& on me l’a voulu vne fois faire vser, apres l’avoir mis quelques
jours dans le fumier : ce que je refusay de faire. O abomination
de desolation dans le lieu saint, & au regard du Saint des
Saints ! En quelle penitence doit-on entrer, pour obtenir le pardon
de tant & de si horribles crimes ? Mettez nous y vous mesme,
bon Iesus, & nous daignez faire misericorde.
 
David
fait danser
les
Religieuses
toutes
nuës
dans
l’Eglise
& ailleurs,
A dire vray, j’avois d’etranges contrarietez pour les exercices
infames qui se pratiquoient, & je ne voulois pas toûjours faire
ce qu’on desiroit de moy. Mais aussi je passois alors pour vne fille
desobeïssante, opiniastre, rebelle, orgueilleuse, attachée à mon
sens. Plust à Dieu que je l’eusse esté davantage, il en seroit mieux
à mon ame, & je n’aurois pas cõmis vn si grand nombre d’offenses.
Sur tout je resistay beaucoup à communier vne fois dépoüillée