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Mazarinade n° B_5_56

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Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.


pas pourtant bien pris leurs mesures. Quoy que je laissasses supposer
que je fusses pervertie de la sorte dés mon entrée, il ne s’ensuit
pas que je leur aye causé le mal. Ie les prie de se souvenir de
Charlotte Pigeon, qui entra chez elles il y a 28. ans, & en sortit à
cause que les Diables la tourmentoient & l’empeschoient de se
confesser & communier, disant elle mesme qu’il luy estoit impossible
d’y faire son salut. C’est d’elle que je l’ay appris, non cette
premiere fois ; car je n’estois pas encore Religieuse : Mais la seconde
fois qu’elle y voulust rentrer il y a 21. an, & n’y demeura
que huict jours, ressortant pour le mesme sujet. Le mal estoit
donc en leur Monastere avant que j’y vinsses, & il ne m’en faut
pas faire autheure. Mais je le dis devant Dieu, & je prend à tesmoin
celui qui doit estre mon principal Iuge, que je n’estois point
gastée lors que je leur ay demandé d’estre receuë. Seigneur Iesus
je souhaiterois de bon cœur d’estre dans le mesme estat auquel
j’y suis entrée.
 
CHAPITRE II.
IE laisse tout le discours fabuleux sur le sujet de Bontemps,
pour raconter cõme je suis venuë au Monastere de Louviers.
Dieu me donnoit des pensées presque continuelles de la Religion
dés mon jeune âge ; & ayant quelque devotion particuliere pour
S. François, que j’ay toûjours aimé, j’appris qu’il se commençoit
vn establissement de filles de son Ordre en la susdite ville. Ce fut
là que je desiray d’estre placée ; & mes parents firent si bien que
j’y fus receuë. I’y entray dans ma seiziéme année, non encores
achevée ; & je jure sur mon ame, que ma seule intention estoit de
servir Iesus-Christ, & d’estre vne bonne Religieuse ; bien que les
filles alleguent, que tout mon dessein estoit de perdre leur Maison :
mais mon malheur fust d’y rencontrer David pour Confesseur &
Directeur des consciences.
On me tint six ou sept mois en habit seculier dans la closture,
apres lesquels je fus vestuë de celuy de la Religion, pour commencer
mon Noviciat, & je le portay bien prés d’vn an. David
qui nous conduisoit toutes, estoit vn horrible Prestre, & tout à
fait indigne d’vn estat si saint & si divin. Il nous lisoit le Livre de
la volonté de Dieu, composé par vn Religieux Capucin, qui servoit
quasi de seule & vnique regle en ce temps là dans la Maison :
Mais il l’expliquoit d’vne façon estrange, approuvée neantmoins,