[retour à un affichage normal]

Mazarinade n° B_14_28

Image de la page

Anonyme [1651], RESPONSE A LA DECLARATION DV ROY, Imprimée contre Monsieur de Chasteau-neuf & Madame la Duchesse de Cheureuse. , françaisRéférence RIM : M0_3359. Cote locale : B_14_28.

deuint si forte & si violente, qu’il voulut luy laisser des marques
de fureur, mesme apres sa mort, qui se conseruassent par la reuerence
du nom du Roy.
 
Monsieur de Chasteau-neuf qui estoit dans la confidence du Cardinal,
qui auoit beaucoup de part à son agrandissement, qui meritoit
quelque respect par le caractere des Seaux, tomba le plus rudement
de tous.
Le zele qu’il monstra pour l’vnion de la maison Royale excita
contre luy l’orage dont il a esté si long temps battu. Car comme l’absence
de Monsieur le Duc d’Orleans en Flandres sembloit à Monsieur
de Chasteau-neuf pernicieuse à l’Estat ; ce Sage Politique se seruit
de quelque bien-veillance dont le Roy l’honoroit alors, pour le
disposer à vne revnion saincte & necessaire au Royaume, duquel son
A. R. estoit encores alors heritier presomptif : Mais le Cardinal qui
regnoit par la diuision de la maison Royale, & qui ne pensoit qu’à la
fomenter, conceut vne si forte indignation contre Monsieur de Chasteau-neuf
pour cette proposition faite pendant sa maladie, qu’il le fit
calomnier enuers sa Majesté d’intelligence auec son A. R. par l’entremise,
disoit-il, de feu M. de Puylaurens qui estoit parent assez proche
de Monsieur de Chasteau-neuf ; Et fortifia cette accusation de
tant de circonstances vray semblables, comme il luy estoit facile,
ayant gaigné toutes les aduenuës de l’esprit de son Maistre, qu’il le
preoccupa de cette fausse creance : & fit consentir sa Majesté à toutes
les digraces dont ce grand personnage fut accablé. Ainsi la hayne
particuliere du Cardinal deuint le pretexte d’vn crime contre le public.
Et la plus belle action de la vie de Monsieur de Chasteau-neuf, a
esté la plus funeste à sa fortune & à son repos.
S’il s’estoit trouué la moindre tache en la vie de Monsieur de Chasteau-neuf,
le Commandeur de Iars n’auroit pas eschappé à la barbarie
de ses Commissaires. Cependant apres que cét homme innocent
a satisfait à la fureur de son ennemy par vne prison de dix années,
dont la seule pensée donne de l’horreur, des gens qui se declarent
en paroles ennemis de la memoire du Cardinal ; qui feignent
auoir son nom en detestation, qui condamnent les actions du Cardinal
Mazarin, aussi dangereux que son Maistre, rappellent ce siecle
de fer, veulent authoriser vne Declaration dont on auroit aboly la
memoire, si elle ne portoit la marque du Roy. On fera sortir du tombeau
d’vn oubly, qui doit estre eternel, les monumens de la tyrannie
du Cardinal de Richelieu, le dernier titre de ses cruautez, escrit en
lettre de feu & de sang.
On proclamera vne preuoyance criminelle, & comme vn dessein