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Mazarinade n° A_8_82

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Anonyme [1649], REMONSTRANCE FAICTE A MAZARIN A S. GERMAIN PAR VN BOVFFON SVR SON OBSTINATION à demeurer en France. En Prose & Vers BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_3326. Cote locale : A_8_82.


la verité, vous ne pensiez pas que vostre sortie
de Paris, en fust vostre bannissement aussi bien que de la
France ! O le grand iugement & digne de vostre personne.
Il est vray que si vous en auez, on en doute : car on n’en à
veu encore aucuns effets. Vostre Ministere demande toutes
les qualitez qui rendent vn homme parfait, toutes
vos perfections ne sont que dans la fourberie, & à piper au
ieu ô l’Eminent personnage, vous me direz peut-estre que
c’est vn fou qui vous parle, i’aduoüe que ie le contre fais
quelquefois : mais pour bien s’en acquiter, il faut estre
bien sage, ie vous dõne aduis que vous n’ayez pas à pẽser le
contraire, que pour estre sage, il faille estre bien fou. Si vous
m’estimez tel, en cette qualité vous me deuez croire ; car
les fous prophetisent quelquefois & disent vray la pluspart
du temps. Il semble que vous dormiez, reueillez vostre attention
& prenez garde à ce que ie vous vay dire. N’esperez
iamais de retourner à Paris, si ce n’est pour passer par
la gréue en allant à Montfaucon, qui à bien besoin d’vn tel
habitant que vous pour le faire rebastir : car ie vous puis
asseurer que tous les Peuples sont autant de Iuges Criminels
qui vous condamnent à la mort : chacun prononce son
Arrest selon son opinion & sa passion, les vns vous destinent
à vn gibet, puis à la voirie, les autres à vn pareil supplice
que Rauaillac, vous sçauez entre vous & moy, que
vous le meritez. Il y en a qui vous veullent seruir de bourreaux
eux-mesmes & vous deschirer à belles dents pour se
vanger des maux que vous leur auez fait souffrir, quelques
vns vous veulent bruller à petit feu : ne tremblez vous pas
à ce recit, quoy que vous fassiez vous ne pouuez euiter
quelques vns de ces supplices, on est bien venu à bout
d’vne infinité d’autres Tyrans que vous, entr’autres de
fresche memoire du Marquis d’Ancre vostre deuancier, on
vous attrapera tousiours, pour bien gardé que vous soyez.
Dieu ne laisse rien impuny, vous esperez peut-estre que les
François estans bons, ils vous pardonneront, vaine esperance :
car cette bonté mesme fera que vous n’eschaperez
iamais de leurs mains ? N’est-il pas iuste qu’vn meschant