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Mazarinade n° C_9_48

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Anonyme [1648 [?]], REMONSTRANCE DE LA VILLE DE PARIS, A LA REYNE REGENTE MERE DV ROY, Sur le faict des Thoisez. , françaisRéférence RIM : M0_3307. Cote locale : C_9_48.


faut que la raison en authorise les leuées : car de le vouloir exiger
par force, la picque & le mousquet dans le ventre des particuliers,
contre la disposition des ordres publics ; ou il faut abolir
les Ordonnances du Royaume, ou dire que la Iustice ne le souffre
point.
 
Ne pensez pas, Madame, que Dieu qui vous a donne la puissance
en main en vous donnant la Regence, ne vous oblige
aussi de luy rendre compte de la Iustice, dont il vous a renduë
la depositaire, pour la transmettre au Roy vostre fils : puis que
c’est seulement pour l’exercice de cette vertu, qu’il vous a donné
la puissance, & non pour en abuser contre elle ; comme pretenderoient
faire ceux qui vous y portent, engageans vostre
authorité à soustenir leurs violences contre la seureté de l’Estat.
Vn Prince disoit autrefois qu’il auoit attaché sa Couronne
auec des cloux de diamans : & cependant n’ayant point acquis
l’amour de ses peuples, il perdit dans la violence, ce qu’il auroit
conserué sans doute dans la bien veillance de ses subjets.
Souuenez-vous, grande Princesse, que l’amour ne se commande
iamais, & que Dieu mesme ne veut point que des offrandes
volontaires. Et si, comme vous l’auez tesmoigné dans ce
dernier Arrest du Conseil, vostre esprit vous porte à chercher
le soulagement & repos des subjets du Roy ; ne touchez point à
ses libertez, & si la necessité de l’Estat vous oblige à chercher
des secours extraordinaires, au moins faites-le dans l’ordre public,
& souffrez pour vostre descharge, que le Parlement de Paris
y contribuant ses suffrages, y apporte le consentement public,
si la Iustice s’y rencontre, au moins vostre conscience sera
en repos, & l’Estat vous demeurant obligé de vostre Iustice, &
de la bonne nourriture que vous donnerez au Roy vostre Fils,
dans la bien-vueillance de son peuple, vous remporterez iustement
le tiltre que cette ville vous donna le premier iour de vostre
Regence, de Reine, & Mere du Peuple.