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Mazarinade n° A_8_75

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Anonyme [1649], RELATION VERITABLE DE CE QVI S’EST FAIT ET passé dans la ville d’Aix en Prouence, depuis l’enleuement du Roy Louys XIV. fait à Paris, le sixiesme Ianuier 1649. Et en l’affaire du Parlement, où le Comte d’Alais, Madame sa femme, & Mademoiselle sa fille, le Duc de Richelieu, Monsieur de Sceue, Intendant, & plus de cent cinquante Gentils-hommes ont esté arrestez prisonniers. Apportée par le Sr T. enuoyé par Messieurs du Parlement de Prouence. , françaisRéférence RIM : M0_3202. Cote locale : A_8_75.


d’armes iusqu’au matin du Mardy, auquel temps on escriroit ce
qui auoit esté accordé, & Monsieur le Comte de Carces se chargeroit de
faire valoir la parole de Monsieur le Comte d’Alais.
 
Il est à noter, que ce qui fit consentir le Comte d’Alais à cét accommodement,
ce fut l’impuissance de ses Consuls, lesquels aprés auoir couru
toute la ville pour rassembler du monde pour luy mener, ils ne peurent
iamais auoir vn homme, ce qui l’obligea à leur faire reproche, & leur
dire, que ce n’estoit pas ce qu’ils luy auoient promis.
Le Mardy au matin les forces de ces Messieurs estoient si grandes
qu’ils auoient pour le moins vingt mille hommes : Mais bien que la pluspart
ne se voulussent pas desarmer, estans en estat de battre les trouppes
du Comte d’Alais ; le Baronde Bras & le President d’Oppede voulurent
tenir leur parole, & à mesme temps qu’on eust escrit, ils congedierent
tout le monde.
Le mauuais dessein, ny la rancune ne sortirent pas du cœur du Comte
d’Alais, au contraire, voyant ces peuples desarmez, il creut les auoir attrapez
& faisant dessein d’executer le lendemain iour de S. Sebastien, la
plus lasche trahison dont il fut iamais parlé, comme il auoit les clefs de
l’Hostel de Ville, par le moyen des Consuls qui estoient de sa dependance,
il y fit couler toute la nuict enuiron quatre-vingt Caualiers du Regiment
Colonel, & tint ces gens en estat pour se mettre en bataille le matin
à mesme temps que la Procession generale qui se fait toutes les années
pour la peste, à laquelle tout le monde assiste, seroit hors la ville, &
qu’on auroit fermé les portes ; mais Dieu qui veille pour les gens de bien,
aprés auoir souffert tant de malices, tant de persecutions, sans les punir,
ne voulut pas que cette trahison causast la perte d’vn peuple, qui n’auoit
en ce temps-là autre pensee que de le louër.
Pour cét effet, vn Paysan passant dans la ruë, vid deux hommes qui
parloient ensemble, lesquels n’estans pas de la ville, luy donnerent curiosité
d’escouter ce qu’ils disoient, & ayant entendu qu’vn d’eux auoit
dit : Voicy la derniere ruë, nous n’auons plus rien à visiter, il eust à mesme
temps vne inspiration qui luy dit : que c’estoit vne trahison. Il court
de ce pas à Sainct Sauueur, qui est l’Eglise Cathedrale, d’où cette Procession
estoit desia partie, donner auis de ce qu’il auoit entendu. On
prend l’allarme là dessus ; on court arrester la Croix qui alloit sortir de la
ville ; & à mesme temps ils se veulent saisir des trois derniers Consuls qui
assistoient à la Procession ; le premier estant auprés du Comte d’Alais :
mais ils se ietterent dans la Sacristie, où ils se cacherent. A mesme
temps, on sonne le tocsain, tout le peuple, hommes & femmes, pauures
& riches courent aux armes, chacun fait l’Ingenieur, & se barricadent
fort à propos. Le Comte entendant cela, fait mettre son monde en bataille
la place des Prescheurs. Le General des Galleres commande
sa Caualerie les autres Officiers l’Infanterie. La Male du Bar Officier dãs