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Mazarinade n° C_5_1

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Anonyme [1649 [?]], FACTVM, SERVANT AV PROCEZ CRIMINEL, FAIT AV CARDINAL MAZARIN, touchant ses intelligences auec les Estrangers ennemis de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1368. Cote locale : C_5_1.


resolution suffisante pour arrester les progrez des ennemis, lesquels
ne pouuoient rien entreprendre, tant qu’ils auroient l’Armée du
Roy en presence de la leur.
 
Pour donner moyen à celle des ennemis de décamper auec seureté,
& aller former le siege de Landrecies, qu’on auoit exprés dégarny
d’hommes, le Cardinal s’en alla d’Amiens à Dourlans, sous pretexte
des mes-intelligences qui estoient entre les Mareschaux de Gassion
& de Ranzau, Generaux de l’Armée du Roy ; il les fit venir à Dourlans,
non pour les mettre bien ensemble, mais à dessein de leur faire
employer & perdre trois iours de temps, tant pour aller & s’en retourner,
que pour leur sejour, comme ils firent.
Soudain apres leur départ, l’armée de l’Archiduc décampa d’auprés
de Lens, & fut inuestir & assieger Landrecies. Ces Mareschaux
de France arriuez à leur Camp, accoururent à ce siege auec leur armée,
& resolurent de faire vn effort pour ietter des gens dans la Place,
dequoy elle manquoit seulement, estant des plus fortes du Pays-bas.
Cét effet iugé & tenu pour infaillible par le conseil de l’Armée,
il fut absolument defendu de la Cour, par ordre secret apporté
par Langlée ; en sorte que ces deux Generaux furent obligez d’abandonner
vne si bonne & importante Place, qu’ils pouuoient & vouloient
sauuer, se retirerent & prindrent chacun les troupes qui leur
estoient separément destinées, & furent assieger chacun vne place ;
le Mareschal de Gassion la Bassée, & le Mareschal de Ranzau
Dixmude, qu’ils prirent & fortifierent.
Sur ces differentes pettes & gains, la Cour qui auoit quitté Paris
aux premiers aduis de la marche des ennemis, pour ne pas ouir les
reproches de n’auoir ordonné les recreues, ny leué aucunes troupes,
s’en reuint de Picardie à Paris, & tost apres s’en alla à Fontainebleau.
L’Archiduc enuoya au mois d’Octobre assieger Dixmude auec
cinq mille deux cens hommes, tant Caualerie qu’Infanterie : le sieur
de Clanleu auoit esté mis dedans pour la defendre auec deux mille
huit cens hommes, entre lesquels estoit le Regiment de Piedmont.
Bien que les assiegez se mocquassent des assiegeans par la seule
comparaison des vns aux autres, outre la bonté de la Place : le Mareschal ;
de Ranzau s’approcha, non tant pour la secourir, que pour
en leuer le siege, comme il auroit apparemment fait, sans l’aduis de
la soudaine & inopinée reddition de la Place, dont la capitulation
fut à cette fin faite, incontinent apres l’arriuée de la Cour du sieur
de Cominges, qui en porta les ordres, sans que les ennemis eussent
gaigné aucun dehors, ny le pussent faire de deux mois.