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Mazarinade n° C_5_1

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Anonyme [1649 [?]], FACTVM, SERVANT AV PROCEZ CRIMINEL, FAIT AV CARDINAL MAZARIN, touchant ses intelligences auec les Estrangers ennemis de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1368. Cote locale : C_5_1.


luy manquerent en la plus grande partie, & ce Prince fut obligé d’y
suppléer par sa valeur & son bon-heur, & d’hazarder à toutes occasions
vne personne si cherie de la France, & si redoutée de l’Espagne,
bien que ses principaux Officiers luy representassent plusieurs
fois, que s’il estoit necessaire de s’exposer aux perils de la guerre, il
n’estoit pas iuste de le faire à ceux de la trahison.
 
Le Comte d’Harcour, plein de vie & d’honneur, peut dire ce qu’il
apprit quand il ne prit pas Lerida, qu’il auoit assiegé l’année auparauant :
Il se souuiendra de ce que les Catalans se sont plaints, & les
Castillans vantez, la douleur & la ioye exhalant de grosses veritez
dans leurs excez, en manifesterent d’estranges en Catalogne.
La Campagne de 1647. finissant auec la vie du Mareschal de Gassion,
toute son Armée auec la France tesmoignerent vn grand regret
de la mort de ce Heros : L’Armée ennemie & l’Espagne aussi en
eurent beaucoup de ioye, & grand sujet. La Cour, qui estoit alors à
Fontainebleau, entre ces deux partis & passions, se declara neutre,
sur l’asseurance que le Cardinal Mazarin donnoit, que c’estoit vn
grand bien que cét homme fust mort. En quoy il disoit vray, s’il entendoit
parler de l’Espagne, à laquelle il ne souhaittoit pas plus de
mal, que de bien à la France.
Les mouuemens de Naples estans suruenus, & venus au poinct
que tout le monde a sceu, le Cardinal Mazarin les a si sagement &
si prudemment entretenus, qu’ils se sont doucement calmez, sans
autre effusion de sang ny mort, que celle que la foy & la conscience
des Espagnols ont depuis fait faire par leurs bourreaux. Le testament
que Gennaro Annese fit sur l’échaffaut auant qu’on luy coupast
la teste, a par tradition passé par toute l’Europe, afin que tout le
monde sceust le legs qu’il faisoit au Cardinal Mazarin, qui l’aydoit
à si bien & si chrestiennement mourir, apres auoir donné la paix à
tout le Royaume de Naples. Le Duc de Guise pris par mal-heur,
est retenu par recommendation, & sera relasché quand il plaira
à Dieu ; alors il pourra dire ce qu’il a sceu cy-deuant, & ce qu’il
pense & pátit maintenant.
La Campagne de 1648. estant sur le poinct de se commencer, le
Prince de Condé eut le commandement de l’Armée du Pays bas,
qui fut selon son desir composée en la plus grande partie des Officiers
& des troupes qu’il demanda. En formant cette Armée, &
meditant ses effets, ce Prince & les Mareschaux de la Meilleraye &
de Grammont, qui deuoient agir sous luy, iugerent que la plus importante
diuersion qui se pust faire des forces ennemies, pour donner