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Mazarinade n° A_4_1

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Anonyme [1649], MEMOIRES ET PLAINTES Des Rentiers de l’Hostel de Ville de Paris, sur les contrauentions aux Arrests, Reglemens & Declaration du mois d’Octobre 1648. presentez à Nosseigneurs du Parlement. , français, latinRéférence RIM : M0_2447. Cote locale : A_4_1.


& aneanties par la negligence du Preuost des Marchands,
& qui est dautant plus extraordinaire & plus perilleuse
que sa Magistrature a esté de longue durée, qui
est vn defaut dans la politique remarqué par Tacite, pour
les Gouuernemens & les emplois populaires. Car il est certain,
que les hommes taschent de couronner ordinairement
les premieres années de leurs Magistratures, ils gaignent
les peuples par leurs premiers emplois, au lieu que
dans la suite, ils abusent de l’authorité pour leur estre trop
familiere.
 
C’est pour cela que les Romains pour tenir tousiours leurs
Magistrats dans le deuoir, les obligeoient de paroistre en
public, & d’estre exposes au peuple pendant vn certain tẽps
lors qu’ils acheuoient la fonction de leurs Charges, & qu’ils
finissoient leurs emplois, afin de receuoir des Eloges & des
applaudissemens s’ils auoient bien seruy, ou de souffrir des
reproches, & de soustenir toutes sortes d’accusations, s’ils
auoient manqué à leur deuoir vt coram positi, dit la Nouelle
des Empereurs Theodoze & Valentinien,benè actæ rei fruantur
laudibus, aut certè si desidiæ, aut doli alicuius conscij docebuntur,
discessus celeritate se non substrahant.
Le Preuost des Marchands ne doit donc pas s’estonner si
les Rentiers ont accusé sa conduite & son administration. Si
les clameurs qu’il a entenduës depuis quelques iours, ne sont
pas celles auec lesquelles on a accoustumé d’accompagner
les triomphes. Le iugement du peuple est libre, c’est la
voix de Dieu, qui n’est iamais interessée, & qu’on ne sçauroit
estouffer. Neantmoins les Rentiers quelques sujets
qu’ils eussent de se plaindre, il y a desia sort long-temps,
auoient garde tousiours beaucoup de respect pour sa Magistrature :
Mais apres auoir tenté toutes sortes de moyens
inutilement, il ne faut pas trouuer estrange s’ils ont
cherche leur seureté dans la protection des Loix, & dans
leur propre conduite, qui est vne voye qui n’a esté condamnée
que par ceux qui ne veulent point qu’on penetre
dans leurs brigandages, & que l’on songe à la conseruation